PATROLOGIE
♦ Grégoire le Grand, Homélies sur l’Évangile, Livre 1, (Homélies 1 – 20), Cerf, Sources Chrétiennes, 485, 2005, 482 p. 41 €.
Ces homélies s’adressent aux fidèles de Rome au cours de célébrations liturgiques. La capacité de Grégoire à s’adapter à son auditoire, à maintenir son attention en éveil par des anecdotes et des exemples pour mieux lui faire comprendre les enseignements de l’Évangile, l’instruire des vérités de la foi et l’exhorter à la conversion, témoigne de son talent de prédicateur certes, mais aussi de son amour fou du Christ qu’il voulait faire connaître et aimer plus que tout.
L’introduction substantielle du professeur Bruno Judic permet de découvrir les sources de Grégoire, le contexte dans lequel il écrivait ainsi que le rayonnement que ces homélies ont eu par la suite.
♦ Bernard Pouderon, Les Apologistes grecs du IIe siècle, Cerf, coll. Initiation aux Pères de l’Église, 2005, 355 p. 35 €.
Les apologistes grecs du deuxième siècle - Aristide, saint Justin, Tatien, Athénagore, Théophile, auxquels il faut joindre quelques inconnus ou anonymes - sont les premiers intellectuels du christianisme. À l’époque des persécutions menées sporadiquement par les foules hostiles sous la forme de véritables « pogroms », et qui étaient plus ou moins acceptées par les autorités (les Antonins, depuis Trajan jusqu’à Marc Aurèle, n’étaient pas favorables aux chrétiens), ils ont pris la plume, en s’adressant les uns directement aux empereurs, les autres au public païen, pour défendre leurs coreligionnaires contre les odieuses accusations qui étaient lancées contre eux : l’anthropophagie rituelle, la débauche incestueuse, l’impiété envers les dieux de la cité, qualifiée par leurs adversaires d’« athéisme », et pour présenter et justifier le nouveau genre de vie et la doctrine jugée scandaleuse qui étaient les leurs. Ce faisant, ils ont dressé un premier pont entre la philosophie païenne et le christianisme, en présentant la doctrine chrétienne d’une manière rationnelle, acceptable par les lettrés de l’époque, en même temps qu’ils ont contribué à l’élaboration de la théologie chrétienne. Mais ils ont aussi combattu des adversaires plus proches d’eux : les gnostiques, qui, au nom d’une interprétation supérieure des Écritures, distinguaient le Dieu transcendant du démiurge créateur, niaient l’humanité du Christ sauveur et rejetaient la résurrection de la chair, et les juifs, qui, attachés à la lettre des textes bibliques, refusaient de voir en Jésus de Nazareth le Messie annoncé par les prophètes, Verbe de Dieu préexistant. Dans cet ouvrage - le plus complet en langue française depuis celui d’A. Puech (1912) -, sont présentés à la fois les hommes (dans la mesure où nous détenons sur eux des informations qui ne relèvent pas de la pure légende hagiographique), leurs œuvres et leurs doctrines, de manière à donner de leur action et de leur apport théologique et littéraire l’image la plus fidèle possible.
♦ Philippe Henne, Introduction à Hilaire de Poitiers, suivie d’une anthologie, Cerf, coll. Initiation aux Pères de l’Église, 2006, 238 p. 25 €.
Initiateur de la grande théologie latine par ses études et la profondeur de sa pensée, Hilaire arracha le monde occidental aux balbutiements des premières réflexions. Il établit une base assez large et solide pour que des génies comme Augustin, Ambroise et Jérôme laissent s’épanouir leurs dons sacrés.
Rien ne préparait cependant une telle aurore. La Gaule était dévastée par les incursions régulières des tribus germaniques. Le pays était bouleversé par les insurrections militaires qui plongeaient l’Empire tout entier dans des guerres civiles ruineuses en vies humaines. Il fallait un homme doué d’une bonne formation classique et surtout empreint d’une forte idée de son devoir et des responsabilités. Hilaire allia cette capacité de constituer de vastes dossiers bien documentés, avec l’audace d’établir de solides traités théoriques.
II innova dans de multiples domaines : l’explication de la Bible et du dogme de la Trinité, la création liturgique avec des hymnes nouvelles. II accueillit même Martin de Tours et lui permit de fonder le monastère de Ligugé, d’où surgit un mouvement monastique désormais séculaire.
La plus grande qualité qui suscite l’admiration chez Hilaire n’est cependant pas cette capacité de créer, d’inventer
et d’innover en théologie comme en pastorale. C’est bien plutôt la grandeur de son âme. Serviteur de l’Église, il se sent tenu à de réelles obligations. Les évêques gaulois suivaient les directives impériales avec une servilité déshonorante. Ils provoqueront la condamnation d’Hilaire à l’exil. L’évêque de Poitiers rendra à ses collègues traîtres et couards la dignité et l’unité. La charge de l’Église demande de dépasser les considérations personnelles pour s’élever vers les grandes décisions salutaires pour tous. La Gaule gémissait, torturée dans les ténèbres d’un empire finissant. Hilaire lui apporte la lumière et l’exemple qui lui permettront d’entrer dans une ère nouvelle : celle d’un Occident rayonnant de culture et centre d’une foi bientôt universelle.
Cette introduction vivante et claire, rédigée de main de maître, permet de pénétrer dans la théologie d’Hilaire de Poitiers, auteur spécialement difficile. Que le père Henne soit vivement remercié d’avoir rendu son cours accessible au plus grand nombre.
♦ Sous la direction de Véronique Boudon-Millotet Bernard Pouderon, Les Pères de l’Église face à la science médicale de leur temps, Actes du 3e colloque d’Études patristiques organisé par l’Institut catholique de Paris et l’université de Tours, Beauchesne, Coll. Théologie Historique n° 117, 2005, 582 p.
Médecine et médecins occupent une place importante dans la littérature patristique. Ce recueil de communications
faites lors du 3è colloque d’Études patristiques présente les connaissances et les pratiques médicales telles qu’elles sont évoquées par les Pères de l’Église. On y trouvera spécialement abordés des points toujours chauds de bioéthique, en particulier le lien du corps et de l’âme, le statut du zygote, mais aussi de bonnes recettes de diététique, et de bons conseils de médecine naturelle. On regrette cependant que la théologie du Christ médecin (ce n’est pas une « image » contrairement à ce qui est écrit page 525 et ss) et du Christ remède « Christus medicus et medica » comme disait Augustin n’ait été qu’à peine survolée. La développer aurait été une bonne occasion de la réintroduire à sa juste place dans la réflexion de la christologie post-patristique.
♦ Avit de Vienne, Histoire spirituelle, tome II Chants IV-V, Cerf, Sources Chrétiennes 492, 2005, 254 p. 27 €.
Avit, évêque de Vienne au début du VIe siècle, brosse une épopée du Déluge puis de la traversée de la mer Rouge par Moïse. Dans la droite ligne de la tradition patristique de ses prédécesseurs, il fait de ces évènements une lecture christologique. Avit est un fin lettré : ses chants sont pétris d’allusions bibliques et de références à la littérature classique. L’évêque de Vienne s’adresse à un public cultivé. Ce texte est l’une des illustrations les plus réussies de l’osmose de la culture antique et de la spiritualité chrétienne.
♦ Bède le Vénérable, Histoire ecclésiastique du peuple anglais, tomes I, II, III, Cerf, Sources Chrétiennes 489 (33 €), 490 (35 €), 491 (22 €), 2005.
Bède le Vénérable brosse l’histoire de l’Église de son peuple depuis la pénétration de Jules César sur cette grande île jusqu’au début du 8e siècle. Il procède de manière très rigoureuse, vérifiant ses sources, donnant tous les détails nécessaires. Son style est vivant, jamais lourd. Son propos est de montrer que la pénétration du christianisme en Grande-Bretagne a amené l’unité des populations.
Ces pages d’histoire de l’Église sont une part importante de l’histoire monastique, avec toutes les vicissitudes des implantations monastiques en terre étrangère. On y lira entre autres les lettres pleines de sollicitude, du pape Grégoire
le Grand à Augustin, et on découvrira aussi la place qu’ont tenue les moines anglais dans la vie chrétienne et la réflexion théologique de ce peuple.
♦ Socrate de Constantinople, Histoire ecclésiastique Livres II et III, Cerf, Sources Chrétiennes 493, 2005, 366 p. 30 €.
Le livre II couvre le règne des fils de l’empereur Constantin (337 – 361). Socrate l’a centré sur le développement de la crise arienne : il relate d’une manière très vivante les nombreux synodes qui ont eu lieu après le concile de Nicée, entre autres avec leurs contre-propositions de professions de foi. Les textes sont minutieusement transcrits. Ceci rend la lecture de cet ouvrage indispensable pour quiconque veut étudier la christologie de cette période troublée.
Le livre III couvre le règne de Julien et de Jovien (361 – 364). C’est dans cet ouvrage que sont relatés les troubles qui ont eu lieu à Alexandrie au temps d’Athanase, l’expédition en Perse et la mort de Julien, ainsi qu’un émouvant plaidoyer pour la culture classique au temps où les chrétiens avaient été interdits d’enseignement par l’empereur.
♦ Code théodosien XVI, volume 1, Cerf, Sources Chrétiennes 497, 2005, 521 p. 46 €.
Ce livre rassemble la plupart des lois émises en matière religieuse par les empereurs romains de Constantin à Théodose II. Les cultes traditionnels, le judaïsme et l’Église sont concernés. Ces lois permettent de comprendre la politique impériale à l’égard des chrétiens, « son évolution, ses avancées, ses repentirs et ses reprises inlassables devant les résistances, ses étapes décisives et ses limites volontaires » (cf. p. 4 de couverture).
L’introduction claire et substantielle permet de comprendre les enjeux de ces lois et leur influence sur la vie et l’expression théologique de l’Église durant l’âge d’or. Les annexes présentant les hérésies et schismes mentionnés dans ce code, le glossaire, l‘index thématique sélectif sont des outils complémentaires spécialement utiles.
♦ Maiestas Domini, une image de l’Église en Occident, Ve - IXe s., Cerf/Histoire, 2005, 300 p. 35 €.
La Maiestas Domini figure les quatre vivants de l’Apocalypse rassemblés autour du Christ. C’est l’une des premières iconographies dogmatiques élaborées en Occident. Cette représentation deviendra centrale au Moyen Âge. L’auteur aborde tous les types de support artistique (décor monumental, manuscrits, orfèvrerie) et met en lumière la variété des mises en œuvre de cette iconographie du Ve au IXe siècles. le chapitre traitant de la formation et des développements d’une iconographie ecclésiologique en Italie est spécialement intéressant et apporte des éléments essentiels pour comprendre l’ecclésiologie à la période patristique.
♦ Maxime le Confesseur, La Mystagogie, Migne, Pères dans la foi, 92, 201 p., 17, 50 €.
Le commentaire de la Mystagogie est l’ouvrage le plus connu de Maxime le Confesseur moine théologien martyr du VIIe siècle. La présente traduction pose plus de questions qu’elle n’en résout. L’abondance de notes techniques montre les difficultés qu’a rencontrées la traductrice, par ex. notes p. 137, p. 127, 164 à 170, p. 133 – 135, etc. Le glossaire et index thématique n’est pas toujours éclairant, par exemple au terme « symbole » p. 184, on lit : « le symbole est une partie du tout dont, en tant qu’il en est déjà une réalisation, il manifeste la portée qui n’est pas encore totalement accomplie. Dans la Mystagogie, le mot symbole apparaît surtout à propos des rites jusqu’à en devenir synonyme. Symbole de la foi désigne la prière appelée traditionnellement le Credo. » Suivent des références dans la Mystagogie. Les définitions de l’hypostase p. 178, de la divinisation (qui passe çà côté de la déification) p. 175-176 etc… sont aussi elliptiques.
L’introduction générale est bien discrète sur les enjeux spirituels, mystiques (au sens premier du terme) l’engagement de tout l’être dans la célébration du Mystère.
Quelle est l’opportunité de cette nouvelle traduction alors que les éditions Migne avaient publié puis réédité dans la même collection (1980), la traduction de la Mystagogie faite par Mme Lot Borodine (antérieurement éditée dans la revue Irenikon d’ailleurs), une traduction littéraire certes et donc parfois peu littérale mais qui donnait de manière accessible le sens voulu par saint Maxime ?
THEOLOGIE
♦ Christian Duquoc, Dieu partagé, Le doute et l’histoire, Cerf, coll. Théologies, 2006, 318 p., 32 €.
Cet ouvrage se situe dans la droite ligne de la problématique qui traverse toute la christologie du père Christian Duquoc, à savoir celle de Dieu engagé dans l’Histoire, à la fois générale et individuelle, personnelle, Dieu tout proche.
♦ François-Xavier Durrwell, La mort du Fils, le mystère de Jésus et de l’homme, Cerf, coll. Théologies, 2006, 190 p., 23 €.
Peu avant de mourir, le père Durrwell avait préparé lui-même ce testament spirituel qui vient couronner son œuvre sur le mystère pascal du Seigneur. Il peut lire maintenant dans la vision, le livre ouvert à coup de lance ; le voile est levé sur le mystère de Jésus en sa profondeur filiale et il voit, à la page ouverte, figurer son propre nom. (cf. p. 187).
♦ Michel Corbin, Espérer pour tous, Études sur saint Anselme de Cantorbéry, Cerf, 2006, 249 p., 27 €.
Spécialiste de renommée internationale des écrits de saint Anselme de Cantorbéry, le père Michel Corbin présente quatre études sur la pensée de saint Anselme. La Voie et la Vérité, puis la Liberté du Fils avec un développement de l’Hymne aux Philippiens, la prière et l’espérance. Ces textes rassemblés et commentés forment une initiation à la christologie d’Anselme. Ils abordent entre autres les thèmes de la satisfaction, de la justice et de la miséricorde, ainsi que le pardon des ennemis.
♦ Saint Thomas d’Aquin, Somme théologique, la Prophétie, IIa II ae Qu. 171-178, Cerf, 2005,
403 pages, 45 €.
Les Éditions du Cerf, sous la direction de Jean-Pierre Torell, poursuivent la réédition de la Somme Théologique à partir du texte qui avait été présenté par « La revue des jeunes » et qui était épuisé depuis des dizaines d’années. Un texte entièrement révisé et mis à jour. Une très utile initiative.
♦ Claude Geffré, De Babel à la Pentecôte, Essais de théologie interreligieuse, cerf, Cogitatio Fidei, 2006, 263 pages, 39 €.
Quarante ans après la déclaration Nostra aetate, la théologie des religions tend à devenir une théologie du pluralisme religieux qui s’interroge sur la signification des voies différentes vers Dieu à l’intérieur de son unique dessein de salut. Elle cherche donc à dépasser la théologie dite de l’accomplissement qui est sous-jacente à plusieurs textes de Vatican II.
Comme l’indique le sous-titre, le présent ouvrage veut prendre au sérieux les implications du mystère du pluralisme religieux et tente d’esquisser le projet d’une théologie interreligieuse qui réinterprète la singularité chrétienne en tenant compte des semences de vérité dont peuvent témoigner d’autres traditions religieuses.
Une première partie réaffirme l’unicité et l’universalité du mystère du Christ pour le salut de tout être humain. Mais le paradoxe même de l’incarnation nous conduit à ne pas absolutiser le christianisme comme une voie de salut exclusive de toutes les autres. Il importe dans une deuxième partie de bien distinguer, d’un point de vue épistémologique, la théologie interreligieuse de ce qui ressemblerait à une simple histoire comparée des religions. Il s’agit alors de donner quelques exemples de la fécondation mutuelle qui peut résulter d’un véritable dialogue intrareligieux. C’est l’occasion en particulier d’insister sur l’enjeu actuel du dialogue islamo-chrétien et sur la responsabilité historique des trois monothéismes pour l’avenir de l’Europe et de toute la communauté mondiale. Sous le titre « Mission et inculturation », la troisième partie s’attache à montrer que le dialogue interreligieux ne diminue en rien l’urgence de la mission de l’Église, alors même qu’il modifie sûrement son style.
Le dialogue entre les religions est le grand défi de la théologie chrétienne du XXIe siècle. La seule ambition du présent essai est de nous convaincre qu’il ne conduit pas au relativisme mais à une meilleure intelligence de la singularité chrétienne.
LITURGIE
♦ Lectionnaire pour chaque jour de l’année, Solesmes/Cerf 2004-2005, 4 volumes, 35€ chaque.
Ce lectionnaire complet (temporal, féries et dimanches, sanctoral) reprend intégralement les lectures longues, en français, du lectionnaire monastique de l’Office divin à l’usage de l’abbaye Saint-Pierre de Solesmes, mais la présentation a changé : les textes ne sont plus coupés en sections intercalées de répons, mais forment un tout, suivi d’un répons. Le cursus scripturaire est réparti sur deux ans, le texte biblique est celui de la Bible de Jérusalem.
Ces quatre volumes ont une très belle typographie réalisée sur un papier résistant et agréable ; leur présentation bien adaptée à la lecture au chœur devrait peu à peu mettre fin aux feuilles volantes qui ont rendu les meilleurs services pendant la période temporaire de réajustement de l’Office des Lectures. Merci à nos frères de Solesmes d’avoir réalisé ce service d’Église.
♦ Antiphonale monasticum I, de Tempore Solesmes 2005, 608 p., 34€.
Constitué du temporal, de l’ordinaire et des tons communs, ce premier volume du nouvel antiphonaire monastique pour l’Office sera suivi en 2006 par les volumes de l’office férial (II) et du sanctoral (III). L’ouvrage comporte les antiennes, les répons brefs, les versets, les psaumes et les rubriques, ainsi que les répons prolixes des premières vêpres des solennités. Pour les hymnes, il renvoie au Liber hymnarius (Solesmes, 1983). Avec ce livre, il devient possible aux communautés bénédictines de célébrer l’office en chant grégorien, sous une forme rénovée conforme aux principes liturgiques promulgués par Vatican II.
Des informations détaillées sur le nouvel antiphonaire, ses choix liturgiques et ses nouveautés musicales, sont disponibles sur la page web de l’atelier de paléographie musicale http://palmus.free.fr
Une édition informatique de l’office grégorien sera aussi accessible en ligne. Moyennant paiement sécurisé, il sera possible de télécharger (sous la forme de fichiers images) la totalité des pièces de chant d’un temps liturgique. Les communautés religieuses et les institutions universitaires ou culturelles qui auront recours à cette édition informatique pourront négocier la reproduction de ces chants à des fins non commerciales (études, répétitions, livres de chœur) pour un forfait modique.
♦ Patrick Hala, osb, La spiritualité de l’Avent à travers les collectes, Éditions de Solesmes, 2004, 168 p., Patrick Hala, osb, Habemus gratiam, commentaire des collectes du temps ordinaire, Éditions de Solesmes, 2002, 154 p.
Au fil des pages de ces deux livres, à travers et au-delà de la théologie qu’il dégage des collectes, Dom Patrick Hala donne une réelle formation théologique et liturgique, tout à la fois méthodologique et spirituelle. Une belle initiation à la lectio divina à partir des textes liturgiques.
♦ Marie-Charlotte Potton, L’office des ténèbres du samedi saint, une lecture liturgique, exégétique et théologique à partir d’une proposition de célébration, Profac 2005, 204 p. 12 €.
Les offices des Ténèbres développent, à travers les psaumes, la méditation de l’Écriture et des Pères de l’Église, les mystères des jeudi, vendredi et samedi saints. Les jeudi et vendredi saints, anticipent et préparent à la célébration de la Sainte Cène et de la Croix. Mais, en est-il de même avec les Ténèbres du samedi saint à l’égard de la Vigile pascale ?
En l’absence de célébration d’un office des Ténèbres ou équivalent dans les paroisses, il y a une forme de vacuité liturgique du samedi saint. Pourtant, ne se passe-t-il donc rien entre le vendredi saint et le dimanche de Pâques ? Le temps du séjour du Christ parmi les morts serait-il celui de l’absence, signifié par l’absence de liturgie ? Peut-on encore célébrer la Parole, alors que le Verbe s’est tu dans le silence du tombeau ?
À partir d’une lecture de l’office des Ténèbres du samedi saint proposé par la liturgie chorale du peuple de Dieu, nous croiserons simultanément trois questions : Que nous enseigne la célébration du samedi saint sur l’agir liturgique ? Quel est l’usage et la relecture de l’Écriture par la liturgie ? Enfin, quelle théologie développe le samedi saint, enraciné dans le Shabbat du peuple juif et dans celui du Christ lui-même ?
Peut-être découvrirons-nous alors son actualité pour notre vie de chrétiens, «enfouis» dans un monde marqué par les questions existentielles de la mort, du sens de la vie, de la descente aux enfers..
Un outil de travail essentiel.
SPIRITUALITE
♦ Charles-André Bernard, Théologie mystique, Cerf, 2005, 374 p., 40 €.
Cet ouvrage posthume du père Charles-André Bernard est un traité de la vie mystique chrétienne. La première partie du livre traite des relations entre la philosophie, la théologie et la spiritualité. La seconde partie étudie l’expérience mystique, principalement à la lumière du Pseudo-Denys, de Thomas d’Aquin, Jean de la Croix, Thérèse d’Avila, Ignace de Loyola, mais aussi les mystiques du Moyen Âge et ceux des temps modernes. L’action transformante de la Sagesse (autrement dit du Verbe) et de l’Esprit sont concomitantes dans la vie mystique, même si « la prise de conscience du chrétien ne les engloba pas uniformément et que tantôt prévaut la connaissance et le rapport au Verbe, tantôt l’amour se référant à l’Esprit » (p. 243). Le paragraphe sur l’influence des anges dans la vie mystique est particulièrement suggestif et bienvenu car « l’Écriture sainte atteste que les anges sont au service de l’homme et peuvent l’aider dans sa conduite spirituelle » (p.274). Une théologie des phénomènes mystiques est proposée avec lucidité (cf. p. 277 ss.)
Ce livre est un instrument de travail incontournable pour toute personne étudiant la théologie spirituelle
♦ Charles Journet, Chemins vers le silence intérieur, Parole et Silence 2006, 121 p., 12 €.
Les éditions Parole et Silence continuent leur très heureuse initiative de la publication des entretiens du cardinal Journet. Ce douzième ouvrage rassemble des thèmes majeurs abordés par le cardinal lorsqu’il parlait de la prière : les vertus théologales, les dons de l’Esprit Saint, l’habitation de la Trinité dans les âmes. Un livre qui se savoure, au sens de la ruminatio des moines du Moyen Âge.
♦ Dom Claude Martin, Les voies de la prière contemplative, Solesmes 2005, 305 pages, 18 €.
Sous ce titre, les Éditions de Solesmes publient les principaux textes sur la prière d’un de leurs anciens frères qui fils de Marie de l’Incarnation. On se réjouit de la parution de cet ouvrage qui rend accessible ce traité de spiritualité qui ouvre toutes grandes les voies menant à l’oraison contemplative. Il est un pilote sûr qui emmène dans la haute mer de la prière pure.
♦ Antoine Chevrier, Lettres inédites, Présentation Yves Musset, Parole et Silence 2006, 159 pages, 16 €.
Ce recueil de lettres inédites du bienheureux Antoine Chevrier montre combien son rayonnement spirituel n’était pas enfermé dans les murs du Prado qu’il avait fondé pour y ouvrir un centre de catéchèse destiné aux plus pauvres. On voulait le rencontrer au confessionnal, on recherchait ses conseils, comme on l’avait fait auparavant avec Jean-Marie Vianney, le saint curé d’Ars. Des personnes appartenant à diverses classes de la société le prenaient comme directeur de conscience. Les lettres présentées ici sont le fruit de nombreux échanges. On découvrira dans le père Chevrier un grand directeur d’âmes, guidant avec sûreté et fermeté sur les chemins de la perfection chrétienne des personnes aux situations diverses. Une grande page de la vie spirituelle au 19e siècle en Europe.
PHILOSOPHIE
♦ Plotin, Traité III, Introduction, traduction et notes par Marguerite Chappuis, Cerf, 2006, 171 p. 24 €.
Ce traité expose les différents états de l’âme. Présentant l’âme comme principe d’ordre et d’unité, il permet de mieux comprendre la philosophie de Platon puis de situer les Pères néo-platoniciens dans ce courant philosophique.
HISTOIRE CONTEMPORAINE
♦ Louis Saïd Kergoat, Frères contemplatifs en zone de combats, L’Harmatthan, 2005, 276 p. 24 €.
Frère René Voillaume est l’inspirateur du vécu et du récit de ces années de guerre au Djebel Bissa, même s’il n’y était pas physiquement. Les frères ne sont restés dans leur montagne avec leurs frères « montagnards et les membres de l’Armée de Libération Nationale qu’à la demande du père Voillaume et avec le plein accord du cardinal Duval, leur l’évêque. Un livre passionnant et indispensable pour entrer dans le mystère des religieux d’hier et d’aujourd’hui qui ont donné leur vie pour le Christ en Algérie.
♦ Jean Mpisi, Le cardinal Malula et Jean-Paul II, Dialogue difficile entre l’Église « africaine » et le Saint-Siège, L’Harmattan, coll. Etudes africaines, 2005, 552 p. 42 €.
Quand on parle de l’ inculturation en matière liturgique et des rites inculturés en Afrique, on pense spontanément au « rite zaïrois » et à l’un de ses plus éminents initiateurs, le cardinal Joseph-Albert Malula, archevêque de Kinshasa. En effet, approuvé par le Saint-Siège le 30 avril 1988 sous la dénomination de « Missel romain pour les diocèses du Zaïre », ce rite de la célébration eucharistique, dit « messe zaïroise », a constitué son principal cheval de bataille.
Ce livre décrit le combat pour une « Église africaine » de cet évêque hors du commun. En juillet 1959, le Père Malula est nommé évêque auxiliaire de Kinshasa. À cette occasion, il promet de constituer « une Église congolaise dans un État congolais », « une Église qui, explique-t-il, revêt un visage vraiment congolais, dans son expression théologique et philosophique, dans l’évangélisation et également dans sa liturgie. Il faut que les valeurs congolaises, les valeurs africaines soient insérées dans la liturgie, afin que le peuple comprenne de quoi il s’agit, quelque chose qui prouve que l’Église c’est leur Église, et pas quelque chose d’importé. Mais, au contraire, que c’est quelque chose d’incarné ». Ce sera le programme de sa vie.
De 1962 à 1965, Mgr Malula participe activement au Concile Vatican II, comme (le seul Africain) membre
de la Commission liturgique. Ce Concile, qui appelle à l’aggiornamento de l’Église et notamment à la restauration liturgique, constitue pour lui une « véritable révolution copernicienne ».
II l’évoquera pour concrétiser son grand projet d’inculturation, dont les premiers fruits tombent, en 1967, avec l’apparition des religieuses « authentiquement africaines » (s’habillant notamment en pagne) et, en 1975, avec la mise
en oeuvre de la « messe en rite zaïrois » et l’installation des bakambi, des laïcs mariés à la tête des paroisses. C’est à partir de 1980 que Jean-Paul II découvre ces innovations, et en discutera longuement et passionnément avec Malula à Kinshasa et à Rome.
Si le « rite zaïrois » obtient l’indult romain, le « phénomène bakambi » n’est pas toujours reconnu par le Saint-Siège, même s’il semble être toléré. Jusqu’à sa mort le 14 juin 1989, le cardinal Malula se battra pour la reconnaissance de cette grande idée, ainsi que pour d’autres, dont celle de convoquer un Concile africain pour procéder à l’évaluation et à la fondation définitive du « christianisme africain ». Ce concile n’aura pas lieu ; Jean Paul II convoquera un Synode romain pour l’Afrique.
Relativement aisé avec Paul VI, qui invitait les évêques du continent noir à fonder un «christianisme africain », et qui avait créé cardinal Joseph Malula le 28 avril 1969, le dialogue n’a pas été pas facile entre le cardinal Malula et Jean-Paul II, entre l’ « Église africaine » et le siège apostolique.
Malgré quelques interprétations subjectives – qui s’expliquent ! - ce livre est incontournable pour l’étude de l’inculturation de l’Église en Afrique sub-saharienne.
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