Tutzing, Allemagne
Cicely Saunders est à l’origine des soins palliatifs, ouvrant dans les années 60 l’Hospice St Christophe à Londres. On a d’abord parlé d’un « Mouvement de l’Hospice », qui s’est répandu dans le monde entier et développé en un arbre aux branches multiples avec le service des volontaires de l’Hospice à domicile et le service professionnel de soins palliatifs à domicile, les cliniques institutionnalisées (sans médecin) et les unités palliatives de soins associées à un hôpital et à son personnel médical.
Sr Angela Kirchensteiner, osb., a fondé il y a 15 ans à Bernried et à Polling (Allemagne) un service volontaire et une clinique pour la région. L'hôpital des soeurs bénédictines missionnaires de Tutzing, Allemagne, comporte également une unité de soins palliatifs.
Au centre de la réflexion autour des soins palliatifs il y a le malade, atteint d’une maladie menaçant sa vie, et sa famille. Le but des soins palliatifs est de prévenir et de soulager la souffrance, en soignant les symptômes comme la douleur et d'autres besoins d’ordre psychique, social ou spirituel. C’est reconnaître que la souffrance a des manifestations physiques (douleurs, nausées, dyspepsies), spirituelles (« qu’en est-il de ma vie maintenant que tout s’achève ? »), psychologiques (des craintes longtemps passées sous silence ne peuvent plus être tues) et sociales (« qui va s’occuper de mes enfants, de mon conjoint, de ma propriété, après ma mort ? »).
Bien sûr, on aborde et on résout ces questions dans la vie au jour le jour et l'urgence de leur questionnement diminue. Mais chez un malade atteint de maladie menaçant sa vie ces questions ne peuvent être évacuées : il va mourir. On ne peut soulager la douleur du départ de l’être aimé, de nos amis, l’anéantissement des espoirs et illusions… Il reste la douleur que chacun devra subir. Mais à considérer les aspects de la douleur mentionnés ci-dessus, on peut changer des choses. Si la douleur est contrôlée, si on arrive à arrêter les vomissements interminables, si on n’a plus à se concentrer sur le souffle qu’il faudra trouver à chaque inspiration, alors la personne malade peut commencer de penser qui va s’occuper de mes enfants, de mon conjoint, de ma propriété… quand je ne serai plus là ? Avec une aide professionnelle en matière de questions sociales, psychologiques et/ou spirituelles, le malade doit pouvoir considérer ses craintes, avoir la possibilité de faire ses adieux à ceux qu’il aime et clarifier ou résoudre de vieilles querelles. Il doit pouvoir entrer dans une compréhension plus profonde du sens qu’aura eu sa vie.
Les soins palliatifs sont un défi à la médecine moderne parce qu'ils montrent clairement que toute étape d'une maladie réclame des soins médicaux spécifiques. A l’ultime étape d’une maladie on accorde généralement moins d'attention. Car on ne « soigne » pas la mort, les professionnels de la santé s’écartent plutôt à ce moment-là et le malade a le sentiment d’être délaissé. Apprendre à soulager les symptômes en donnant au malade et à sa parenté le sentiment qu'ils ont de la valeur, qu'ils n'ont pas à avoir honte de leur situation et qu’ils peuvent porter ensemble ce qui serait insupportable à porter seul, tel est le service rendu par les soins palliatifs.
Nos sociétés semblent pencher plutôt dans un autre sens quand l’euthanasie est pratiquée quotidiennement en beaucoup de pays européens. Lors d’un sondage récent en Allemagne, 30 à 70% des interrogés ont dit qu'ils demanderaient l'euthanasie en cas de grave atteinte dans leur santé (30 à 70% selon la manière d’aborder la question). C’est-à-dire qu’ils demanderaient d’être tués. Expérimenter que la vie a de la valeur même lorsqu'elle est menacée par la mort, c'est un défi pour notre société.
En vérité les chrétiens doivent relever ce défi et témoigner du Christ qui s’est relevé d’entre les morts, dans un monde où la mort et le désespoir semblent être les plus forts. Le chrétien est appelé à témoigner de cette espérance d'une vie au delà de la mort.
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