Sr Lia Schwarzmueller, osb, Tutzing
Puis-je vous partager un peu de la joie, du bonheur et de l’action de grâces qui m’habitent ? Le Seigneur m’a privilégiée d'expériences peu communes.
La lèpre et une maladie aussi vieille que l'humanité. De plus c’est non seulement une maladie mais souvent un malheur, une malédiction. Dans l’évangile, des lépreux font appel à Jésus et Il les guérit.
Depuis 1951 j’ai la chance de pouvoir consacrer mon temps, mes force et mon amour à ces personnes en détresse. La léproserie Ste Elisabeth de la mission de Ndanda en Tanzanie fut ouverte l’année de ma naissance, en 1912. Elle est à 4 kilomètres à l'est du Prieuré de Ndanda (soeurs Bénédictines missionnaires). La petite rivière Mwena traverse la propriété et fournit l'eau nécessaire pour entretenir la parcelle de terrain de 150 hectares.
L'association allemande de lutte contre la lèpre fondée en 1954 envoya en 1960 six jeunes hommes pour transformer l’établissement de terre battue en centre de traitement et accueil temporaire des malades en cours de traitement. En 1965 le Président Nyerere est venu en personne inaugurer ce centre médical.
Au début les malades affluaient, souvent dans des conditions effarantes. Le Fr. Leohard Mangochi, particulièrement qualifié, soignait avec une équipe. Sr Ida consacrait son amour, ses compétences et son temps aux femmes et aux enfants. Pour Mama Inge, arrivée en 1954, chaque patient était accueilli pour lui-même avec une attention particulière.
En 1984, le nombre des malades hospitalisés monta à 634, dont 165 étaient des enfants. Vous imaginez tout ce qui a été fait pour soigner tant de malades ? Il fallait en nombre suffisant des médicaments et bandages, des lits, de la nourriture, des vêtements et des ballons de foot ! Sans oublier l’argent pour payer les salariés… Plus de 80% de nos patients étaient musulmans. Ceux qui résidaient à l’hôpital vivaient ensemble, priaient ensemble et résolvaient leurs problèmes ensemble. C'était aussi vivant qu’au village.
Rendons grâce à Dieu, la lèpre peut être traitée maintenant. Hélas ! Pour tant de malades les médicaments sont venus trop tard. Ils sont maintenant estropiés et souvent abandonnés, restant auprès de nous car ils nécessitent soins et soutien. Le centre de traitement a les dossiers de plus de 15.000 patients, venus à nous en espérant soulagement, traitement et un avenir meilleur.
Une expérience particulièrement touchante
En 1990 un vieux musulman est venu accompagné d'un garçon d'environ sept ans, vêtu de loques et effrayé. Le vieil homme dit : "Mama, prends soin de Saidi. Il n’est pas de ma parenté mais d’où puis-je espérer secours sinon de vous ? Les parents de Saidi sont morts. Sa famille ne veut pas s'occuper d’un garçon lépreux. Ils ont construit une petite hutte, déroulé une natte au sol, posé une cruche d’eau tout près… mais la hutte n'avait pas de porte. La famille voulait priver l’enfant de nourriture. Je l'ai entendu pleurer. S’il vous plaît prenez soin de lui."
Nous l’avons fait. Saidi a trouvé au centre de traitement beaucoup de pères et de mères. Il est allé à l'école aussi souvent que son état de santé le permettait. Puis il demanda le baptême. Saidi était devenu un adolescent heureux. A l’âge de 13 ans environ, un médecin en visite voulut essayer un nouveau médicament. Mais le traitement fut trop lourd, joint à une grave attaque de paludisme. Saidi est mort. Dieu l'a rappelé dans sa maison de félicité pour qu’il chante éternellement Ses louanges.
Aujourd'hui les gens sont plus au fait de cette maladie et la lèpre est bien soignée par des médicaments ad hoc, quand elle est diagnostiquée assez tôt. Pendant la période de traitement nécessaire, le centre hospitalier continue de fonctionner grâce à de nombreux amis et bienfaiteurs de beaucoup de pays. Nous présentons au Seigneur leur générosité en Lui demandant de les bénir et de les récompenser.
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