Mari Paz López Santos, Groupe de Laïcs Cisterciens de Santa Maria de Huerta, Espagne
Du 1° au 7 juin dernier, s’est tenue à Clairvaux, la III° RENCONTRE DES LAÏCS CISTERCIENS, organisée par la Fraternité de la Grange de St Bernard de Clairvaux, rassemblant environ cent vingt personnes. Une première rencontre avait eu lieu à Quilvo (Chili) et une seconde à Conyers (Etats-Unis). Parmi nous se trouvaient une vingtaine de moines et de moniales de différents monastères et dom Bernardo Olivera, Abbé Général et dom Olivier Quenardel, Abbé de Cîteaux. Nous laïcs étions venus du monde entier (Chili, Etats-Unis, Irlande, Pays-Bas, Belgique, Allemagne, Pologne, Suisse, France, Espagne, Cameroun, Maroc, Indonésie, Philippines, Nouvelle-Zélande). Nous communiquions en trois langues, français, anglais et espagnol. Les traductions simultanées étaient assurées par les participants, laïcs et moines.
Mgr Marc Stenger, évêque de Troyes, diocèse de Clairvaux, a présidé l’Eucharistie d’ouverture. Il a présenté Bernard de Clairvaux qui « incarne, de manière particulièrement remarquable la figure -apparemment paradoxale- du contemplatif-apôtre. Grand messager de l’amour de Dieu, un Amour qui éclaire la vie des hommes, les invitant à découvrir la vérité de leur être ». Dom Olivier, Abbé de Cîteaux donna une conférence intitulée "la diaconie cistercienne". Jouant sur les mots SERVIRE, INVICEM, SOLATIUM et MANDATUM, il nous a conduits à passer du service du Seigneur au service fraternel, qui devient aide, soulagement, consolation et s’incarne dans des gestes d’une indubitable valeur évangélique comme le lavement des pieds. Puri Mendoza, de la Fraternité de l’Atlas (Maroc) nous a parlé de la pauvreté, Francisco Ambrosetti, de la fraternité de Holy Spirit (Conyers, Etats-Unis) de "la communauté" et Denyse Guerber de la Grange de Clairvaux, de "la RB dans le quotidien d’un laïc cistercien".
Nous avons pu mesurer la diversité des expériences, des manières de vivre un même charisme selon la réalité concrète que vit chaque laïc et chaque fraternité. Certaines communautés monastiques soutiennent les laïcs et avancent avec eux, d’autres ne saisissent pas clairement ce mouvement, d’autres encore peuvent avoir eu une mauvaise expérience et n’osent pas recommencer. Il existe des laïcs intégrés dans des fraternités et d’autres non, soit par choix, soit parce que dans leur monastère, il n’y a pas encore de Fraternité. Tout cela est normal car le chemin est à tracer et il se formera pendant que nous marcherons. Découvrir tant d’expériences nous dilate aux dimensions du monde et atteste que nous sommes membres d’une même grande famille. Nos frères et sœurs moines et moniales y sont sans doute plus habitués puisque cela fait des siècles qu’ils ont présents dans le monde entier, mais nous, laïcs, sommes un petit rameau surgi du grand arbre centenaire de Cîteaux.
Deux dimensions m’ont surprise : 1) La vie laïque cistercienne peut ouvrir à l’œcuménisme. Le représentant d’une communauté néo-zélandaise nous expliquait que dans son pays, anglicans et catholiques vivent ensemble la spiritualité cistercienne puisque la Règle de St Benoît et la spiritualité cistercienne sont antérieures aux ruptures. 2) Elle peut conduire à l’unité puisque notre rencontre rassemblait des laïcs liés à différentes branches de la famille cistercienne.
Durant ces trois jours, les représentants des fraternités se sont réunis pour élire le nouveau Comité International qui devra se charger de préparer et dynamiser la prochaine rencontre en 2008, faire parvenir au Chapitre Général ce qui s’est vécu à la rencontre de Clairvaux, veiller à ce qu’aucune fraternité ne soit absente en raison de problèmes économiques comme ce fut le cas, pour la fraternité d’Equateur cette année.
« Nous voici devant la première question de la prochaine rencontre de laïcs cisterciens : Peut-on être laïc cistercien sans appartenir à une fraternité de laïcs ? » demandait le P. Bernardo. Nous avons trois ans pour répondre à cette question. Nous savons que toute activité humaine suppose une structure, même réduite, sans gêner l’Esprit. Rude tâche mais belle aventure si nous la vivons en confiance, si nous créons des liens et une bonne communication et si, ensemble, pas à pas et sans hâte, nous avançons dans la joie et le discernement, en remettant tout dans la prière.
À la fin de la session nous avons visité l’abbaye de Clairvaux : moitié prison et moitié ruines. Nous en sommes sortis attristés et marqués. Ce lieu où des hommes se retiraient librement du monde pour se consacrer à la recherche de Dieu a été transformé en un espace où d’autres hommes sont contraints à être séparés du monde pour purger leur peine. Le cloître de Clairvaux, symbole du paradis, est devenu prison. Puis nous sommes allés à Cîteaux, à 200 kms. Dom Olivier nous a conduits à l’église, puis, aidé de deux frères il s’est agenouillé pour laver les pieds de quelques participants. La liturgie devient vivante quand la vie a été priée, méditée et remise entre les mains de Dieu. Ce fut un moment intense. Dom Olivier nous avait introduits, dans sa conférence, à l’idée de service et d’accueil. Nous étions préparés à ce geste liturgique.
Utilisateurs connectés
Nous avons 103 invités et aucun membre en ligne