L'école abbatiale de Saint-André - Zevenkerken - Bruges-Belgique organise depuis cinq ans des projets dans le Tiers Monde. En 1997 et 1998 une vingtaine d'élèves ont collaboré à la construction de deux centres de santé, l' un pour le monastère de la Kiswishi- Notre Dame des Sources -Lubumbashi (R.D.C), l'autre pour le monastère de Mambré-Kinshasa. En plus, une école primaire a été construite pour les villageois des alentours de la Kiswishi(Kawama) et une école d'infirmières à Kapolowe-mission.Ce qui frappe les élèves est l'effort que les habitants doivent faire pour survivre: le souci de pouvoir se procurer un repas chaque jour. La notion de famille au Congo-Katanga : elle ne se limite pas aux parents et enfants mais elle est plus large: oncles,tantes, cousins et cousines font partie intégrante de la famille. Une troisième donnée se rapporte à la foi: la foi des chrétiens est bien plus forte qu'en Europe et les élèves découvrent une Eglise jeune,dynamique,chantante et joyeuse malgré toutes les misères humaines . Les contacts avec les moines se déroulaient d'une manière très spontanée et la connaissance du français des deux parties, moines africains et élèves belges, permettait de très bons échanges .
En 1999 un autre continent attirait l'attention, notamment l'Asie: le Vietnam, et plus particulièrement le Vietnam Central(l'Annam) . A 45 km au sud de Da Nang,à Duy Chau, une région qui est touchée par des inondations considérables, qui se produisent plusieurs fois l'an, les élèves y ont aidé à reconstruire une école primaire comptant 12 salles de classe.
Il est intéressant de parcourir une journée au village de Duy Chau en juillet 2001.
Le groupe comptait 22 participants: 7 jeunes filles, 12 garçons et 3 accompagnateurs,dont deux moines de l'abbaye de Saint-André-Belgique. Un des moines nous raconte :
Le matin tôt, à 4h30,nous sommes réveillés par les nouvelles qui retentissent par les haut-parleurs plaçés à travers tout le village jusque dans les rizières éloignées. Après le petit déjeuner -la soupe tonkinoise très chaude 'pho' - , le travail commence à 7h30: les uns vont repeindre une école dans son entièreté: aussi bien l'extérieur que l'intérieur de 6 classes.D'autres aident à construire un mur d'enceinte qui sépare la route de la plaine de jeux des écoliers. Dans le centre du village nous donnons des cours d'anglais dans une école secondaire. Par équipe de deux, nous donnons cours de 8h du matin jusqu'à 10h30 dans deux classes avec chaque fois au moins une quarantaine d'élèves.Tous ou la plupart des jeunes vietnamiens suivent avec beaucoup d'enthousiasme le cours d'anglais. Même les professeurs présents en profitent car la prononciation anglaise est fort 'vietnamienne' ici.
Vers 10h30,vu la chaleur et l'humidité montantes, nous prenons une pause: le temps de faire un peu de lessive et de se rafraîchir. A table à 11h30 nous nous servons de baguettes pour savourer les plats multiples: riz,légumes frais, poissons, fruits de mer, pâtes etc . Après une sieste on se remet au travail jusque vers 17 heures. De temps en temps nous nous rendons en bicyclette à la rivière Thu Bon pour nager: le temps de se rafraîchir avant le souper.
Malgré la distance créé par la langue, nous avons des contacts chaleureux avec beaucoup de villageois: il y a d'abord les étudiants vietnamiens qui participent au chantier, les élèves du cours d'anglais, les professeurs et directeurs des écoles primaires et secondaires, les petits commerçants et tenanciers de buvettes, nos accompagnateurs vietnamiens, délégués par le Comité Populaire du district. Beaucoup de rencontres fortuites se font spontanément, ici avec une personne âgée qui est malade et handicapée depuis des années, là avec des jeunes du village avec qui nous jouons au foot ou au volley après les heures de travail. Nos élèves sont confrontés avec la vie très simple et pauvre des gens du village, ils admirent la tenacité et l'ardeur au travail dans les rizières et la constructions,le sourire toujours présent. Nos élèves découvrent aussi une Eglise catholique minoritaire qui doit toujours être prudente dans un pays socialiste ou les religions sont officiellement tolérées mais dans certaines localités aussi harcelées. C'est ainsi qu'en juillet 2001 la messe a dû être celebrée à 30 km du village, dans une ville visitée par beaucoup de touristes.La confrontation avec le bouddhisme majoritaire est une expérience pratique au lieu d'une connaissance théorique. Dans toutes les maisons les ancêtres sont vénérés. Un petit autel avec une urne pour les bâtons d'encens,quelques lampes, des fleurs et un portrait des défunts.
Depuis 3 ans les responsables belges et leurs élèves ont pu nouer des contacts avec les moines de l'abbaye de Thien An à Hué, avec les prieurés de Thien Phuoc et de Thu Duc. Les trois monastères nous ont toujours réservé un accueil digne de St. Benoît et de sa Règle. Un goûter avec tous les fruits exotiques du pays, des brochures, les contacts avec les supérieurs et quelques moines et même un match de football à Thien An. C'est dommage que le temps nous manque pour faire plus ample connaissance.
Le monastère de Thu Duc, monastère de moniales fondé par le prieuré de Vanves, a des contacts réguliers et approfondis avec des moines bouddhistes de différentes pagodes. Une de ces pagodes, la pagode Hung Phuoc à Saigon ou Ho Chi Minh ville, à laquelle est rattachée un important monastère, a érigé une école pour enfants de la rue, nommée 'Classe d'Amour'. Le but de cette école n'est pas seulement de donner un enseignement primaire (lire -écrire- calculer-) mais aussi d'éduquer les adolescents aux valeurs humaines nécessaires à une vie équilibrée. L'école est dirigée par un moine bouddhiste mais aussi bien des catholiques que des bouddhistes soutiennent l'école. C'est un très bel exemple d'une collaboration au niveau éducatif de personnes appartenant à différentes religions. Un dialogue ouvert et constructif caractérise tous ceux qui y donnent le meilleur d'eux-mêmes. Madame Ha Thi Bao Doan nous écrit :
Avec un groupe d'amis catholiques et bouddhistes, nous nous occupons des enfants pauvres. Parmi eux des orphelins qui vivent avec un parent- oncle, tante ou les grands-parents. Ils ont tous un point commun: ils doivent contribuer aux besoins de la famille par leur propre labeur. Ils parcourent les rues et vendent des billets de tombola, des cacahuètes, et autres friandises. Ils n'ont pas le temps et les moyens d'aller dans une école normale comme les autres enfants. Le gouvernement Vietnamien a un programme spécial d'enseignement pour ces enfants. Il y a une classe pour eux qu'on appelle ' Classe d'Amour' (Lop Hoc Tinh Thuong). La classe d'amour dont nous avons la charge est située sur les terres d'un temple bouddhiste. En plein Saigon, dans une ruelle surpeuplée,12,5 m de large, 6 m de long, une salle aux murs nus, peints à la chaux dont la date de la dernière peinture se perd dans la mémoire de ses occupants, de vieux bancs, de vieilles tables d'écolier, la classe d'amour a 10 ans d'existence. Pour l'instant, ils sont 80, garçons et filles de 6 à 14 ans, répartis dans 4 classes à 4 niveaux, classe du matin, de l'après-midi et du soir . Là, ils apprennent à lire et à écrire. Le niveau d'enseignement est nettement inférieur à celui des écoles d'état, mais nous espérons leur apporter une autre façon de voir le monde et les hommes autre que celle de la jungle dont ils sont habitués.
Lors de notre passage à Ho Chi Minh ville les élèves ont pu s'assurer de ce projet et d'autres projets concernant l'éducation de la jeunesse et en particulier des enfants de la rue.
A côté du projet au Vietnam, deux autres projets ont vu le jour l'été dernier 2001.
Au Sénégal une quinzaine de nos élèves se sont rendus en Casamance, dans le village de Koubalan,près de Ziguinchor.Les élèves ont surtout organisé des jeux pour les enfants du village.La visite d'un village de lépreux laisse un souvenir ineffaçable.
Et pour terminer, signalons qu'une douzaine d'élèves ont aidé à la finition d'une école en Roumanie. En tout, il y a presque une cinquantaine (presque 1/5) d'élèves de l'école abbatiale de Saint-André qui ont participé pendant les vacances d'été à un projet de coopération internationale. Pour tous, un enrichissement humain et chrétien qui aura des résultats, tôt ou tard, dans l'avenir. Les semences porteront leurs fruits.
Père René Fobe o.s.b. , prieur de l'abbaye de Saint-André, Belgique
Utilisateurs connectés
Nous avons 156 invités et aucun membre en ligne