Père Réginald-Ferdinand Poswick, osb
Abbaye de Maredsous. Vice-postulateur de la Cause du Bienheureux
Le Bienheureux dom Columba Marmion
(1858-1923)
La communauté bénédictine de Maredsous a eu le privilège d’avoir, parmi ses membres, son 3e abbé (1909-1923) reconnu comme « bienheureux » par l’Église universelle lors du grand Jubilé de l’an 2000.
Joseph Marmion, Irlandais né à Dublin en 1858, fut d’abord prêtre du diocèse de Dublin après de brillantes études théologiques à Rome. Attiré vers le monastère de Maredsous par un de ses compagnons d’études belge, il est séduit par ce monastère qui concrétise le renouveau catholique de cette fin du 19e siècle. Il entre à Maredsous en 1886.
Dès 1899, il est envoyé pour renforcer l’équipe des fondateurs de l’abbaye du Mont-César à Louvain (Leuven). Il y développe ses dons de prédicateur et de directeur spirituel, devenant, notamment, le confesseur, confident et ami de celui qui allait devenir le cardinal Mercier, Primat de Belgique.
Comme abbé de Maredsous (élu en septembre 1909), il devra gérer avec prudence tous les problèmes d’un grand monastère en pleine expansion.
Dès 1917, on publie une version écrite de ses conférences spirituelles sous le titre Le Christ, vie de l’âme. Ce recueil sera suivi de deux autres : Le Christ dans ses mystères et Le Christ, idéal du moine. Ces écrits auront une influence considérable sur la formation spirituelle des séminaristes, du clergé, des religieux, des religieuses et des laïcs engagés, grâce à une présentation de la foi chrétienne centrée sur la personne de Jésus Christ et bien ancrée dans les Saintes Écritures.
Le cœur de son message : faire mieux prendre conscience que le baptisé peut devenir, tout de suite et réellement, enfant (fils ou fille) de Dieu en Jésus Christ.
Après la guerre de 1914-18, il créera, avec l’abbaye du Mont-César (Louvain) et l’abbaye de Saint-André (Bruges), la congrégation bénédictine belge de l’Annonciation, par distinction de la congrégation allemande de Beuron qui avait fondé Maredsous (1920-1922).
Dom Marmion présidera les célébrations du cinquantenaire de la fondation de Maredsous le 15 octobre 1922. Mais il mourra, lors d’une épidémie grippale, le 30 janvier 1923.
Son procès de béatification s’ouvre au diocèse de Namur en 1957. Son corps est transféré du cimetière monastique dans une des chapelles latérales de la basilique abbatiale en 1963. C’est lors d’une visite à cette tombe en 1965 qu’une dame américaine aura la faveur miraculeuse de la guérison d’un cancer.
La béatification de dom Columba Marmion par le pape Jean-Paul II a lieu à Rome le 3 septembre 2000. La célébration liturgique de sa fête est fixée par Rome au 3 octobre.
Des pèlerins de plus en plus nombreux viennent l’invoquer sur sa tombe, ou le prient un peu partout sur la planète.
Une publication annuelle (Le Courrier du Bienheureux dom Columba Marmion) tient les personnes qui le souhaitent au courant des informations, des publications et des événements autour de cette personnalité désormais proposée au culte public de l’Église catholique.
EXTRAITS
Le Christ, Vie de l’âme
« Je vous enverrai l’Esprit Saint », nous a promis Jésus ; « Lui-même vous rappellera tout ce que je vous ai dit » (Jn 14, 26). L’Esprit de Vérité nous « rappelle les paroles » de Jésus. Qu'est-ce que cela signifie ? Quand nous contemplons les actions du Christ Jésus, ses mystères, il arrive qu’un jour telle parole, que nous avons maintes fois lue et relue sans qu’elle nous ait particulièrement frappés, prend tout à coup un relief surnaturel que nous ne lui connaissons pas auparavant. Cette parole divine, l’Esprit Saint, que la liturgie appelle « le doigt de Dieu », la grave, la burine dans l’âme ; elle y demeure toujours pour être une lumière et un principe d’action ; si l’âme est humble et attentive, cette parole divine y fait son œuvre, silencieuse mais féconde.
La source de la paix intérieure
Je désire beaucoup que vous puissiez acquérir le calme et la paix. Le meilleur moyen d'acquérir ce calme est une résignation absolue à la sainte Volonté de Dieu : c’est là la région de la paix... Tâchez de ne rien désirer, de n’attacher votre cœur à rien sans l’avoir auparavant présenté à Dieu et placé dans le Sacré Cœur de Jésus, afin de le vouloir en Lui et avec Lui.
Une des principales raisons pour lesquelles nous perdons la paix de l’âme est que nous désirons quelque chose, que nous attachons notre cœur à quelque objet, sans savoir si Dieu le veut ou non ; et alors, quand un obstacle s’oppose à nos désirs, nous nous troublons, nous sortons de la conformité à la sainte Volonté, et nous perdons la paix.
Quand nous sommes fidèles à consacrer chaque jour un temps plus ou moins long, suivant nos aptitudes et nos devoirs d’état, à nous entretenir avec notre Père céleste, à recueillir ces inspirations et à écouter ces « rappels » de l’Esprit, alors les paroles du Christ, les Verba Verbi (les paroles de Celui qui est Parole), comme les nomme saint Augustin, vont se multipliant, inondant l’âme de Lumière divine, et ouvrant en elle, pour qu’elle puisse toujours s’y abreuver, des sources de Vie. Ainsi se réalise la promesse du Christ Jésus : « Si quelqu'un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive ; celui qui croit en moi, de son sein couleront des sources d’Eau Vive ». Et, ajoute saint Jean, « Il disait cela de l’Esprit que devaient recevoir ceux qui croient en Lui » (Jn 7, 37-38).