Interaction entre vie consacrée et nouvelle évangélisation :
une réponse monastique
Dom Eamon Fitzgerald, abbé général de l’ordre des cisterciens de stricte observance,
24 novembre 2011
Dom Eamon Fitzgerald est l’actuel Abbé général de l’ordre cistercien réformé (OCSO). Le 24 novembre 2011, au cours de l’assemblée semestrielle de l’Union des Supérieurs Généraux, il donna une conférence sur une approche monastique du phénomène de la nouvelle évangélisation, dans laquelle il a proposé une réflexion sur les lineamenta pour la 13e Assemblée générale ordinaire du synode des évêques. C’est cette conférence que nous publions ici légèrement adaptée. Dom Eamon est très partie prenante de l’activité de l’AIM à laquelle il manifeste son soutien fraternel au nom de l’ensemble de l’Ordre. Il donne ici quelques grands axes sur lesquels les communautés monastiques peuvent s’appuyer pour devenir d’authentiques acteurs de l’annonce de l’Évangile selon leur charismes propres.
Le point de vue monastique présenté ici est celui d’un membre de l’ordre des cisterciens de stricte observance (ocso), connus aussi sous le nom de trappistes. Nous sommes une branche de la grande famille bénédictine. L’Ordre trouve son origine dans la grande tradition monastique de vie évangélique. Au 12e siècle, les fondateurs de Cîteaux (d’où le nom de cisterciens) donnèrent à cette tradition une forme particulière, mus par le désir d’une vie plus simple et plus pauvre, caractérisée par plus de solitude et une observance plus rigoureuse de la règle de saint Benoît. Au 17e siècle, cette particularité fut encore accentuée par le mouvement de la stricte observance associé au monastère français de la Trappe (d’où le nom de trappistes). Moines et moniales se vouent à l’adoration de Dieu dans leur monastère en suivant la règle de saint Benoît. En vue du sujet que nous traitons ici, cette citation de nos Constitutions peut nous donner une orientation :
« Fidélité à la vie monastique et zèle pour le royaume de Dieu et le salut de toute l’humanité sont intimement liés. Les moines portent en leur cœur ce souci apostolique. Mais leur façon de participer à la mission du Christ et de son Église, ainsi que de s’insérer dans une Église locale, est leur vie contemplative elle-même » (C. 31).
Notre vie, vécue à l’intérieur du monastère, est faite d’adoration (eucharistie et Office divin), prière personnelle, lectio divina, travail (souvent manuel) et service de nos frères. Pour les moines, la perspective de l’évangélisation est donc légèrement différente de celle des ministres de la parole, en ce sens que c’est dans le vécu fidèle de la conversatio monastique, dans la recherche de Dieu en communauté, dans les rythmes de la vie communautaire faits de travail, prière, service et fraternité, qu’ils exercent leur zèle pour le royaume de Dieu, plutôt que dans un apostolat actif. Centrée sur la recherche de Dieu, notre vie est orientée vers la conversion personnelle et communautaire. Comment mieux vivre notre appel à chercher Dieu là où nous sommes, et ce faisant, rendre un témoignage communautaire (ecclésial) de la réalité de l’Église ?
Il existe 169 communautés autonomes dans l’Ordre (97 de moines et 72 de moniales) répandues dans 44 pays, regroupant en tout 2083 moines et 1736 moniales. L’autorité suprême de l’Ordre est le Chapitre général, qui réunit les supérieurs (moines et moniales) des monastères autonomes de l’Ordre ainsi que les délégués régionaux. Nous avons eu un Chapitre général en septembre dernier (2011), et une partie de ce que j’ai à vous offrir dans ces réflexions provient de ce qui y a été dit.
Les lineamenta de la 13e Assemblée générale ordinaire du synode des évêques, qui a eu pour thème « La nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne », est un document composé de trois chapitres intitulés : « Le temps d’une “nouvelle évangélisation” », « Proclamer l’Évangile de Jésus Christ », et « Initier à l’expérience chrétienne », ainsi que d’un avant-propos, d’une introduction et d’une conclusion. L’avant-propos parle du mandat missionnaire reçu du Seigneur ressuscité, du terme « évangélisation » et de son utilisation depuis le concile Vatican II, en affirmant que « la nouvelle évangélisation s’adresse plutôt à ceux qui se sont éloignés de l’Église dans les pays de vieille tradition chrétienne ». Il ajoute que le but de la prochaine Assemblée synodale sera d’examiner la situation actuelle des Églises particulières pour pouvoir tracer ensuite, en communion avec le Saint-Père, des manières et des expressions inédites de la Bonne Nouvelle à transmettre à l’homme d’aujourd’hui, avec un nouvel enthousiasme, caractéristique des saints. La conclusion dit que la nouvelle évangélisation n’implique pas un « nouvel Évangile », mais plutôt une nouvelle réponse « aux besoins des hommes et des peuples d’aujourd’hui ». C’est une nouvelle vision pour une nouvelle situation, qui apporte la joie et libère les hommes. Pour cela, il faut que nous partagions leur désir profond de salut et que nous rendions raison de notre foi en communiquant le logos de l’espérance. Le principal obstacle à la nouvelle évangélisation est précisément l’absence de joie et d’espérance chez les hommes, « qui attaque le tissu même de nos communautés chrétiennes ». Et il s’achève sur le vœu que « le monde de notre temps puisse recevoir la Bonne Nouvelle, non d’évangélisateurs tristes et découragés, impatients ou anxieux, mais de ministres de l’Évangile dont la vie rayonne de ferveur ». C’est la constatation d’un monde qui change, d’une perte de foi dans les régions du monde traditionnellement catholiques, du désir d’un message d’espérance chez les hommes d’aujourd’hui ; la prise de conscience que le témoignage de l’Église n’est pas toujours à la hauteur ; et le désir de se réveiller et de témoigner de l’Évangile, afin qu’il transmette son message de vie.
L’avant-propos est important parce qu’il situe l’évangélisation en Dieu lui-même qui prend l’initiative de se communiquer à nous en Jésus Christ. Et si on trouve ici et là quelques rappels à la nécessité pour les chrétiens d’évangéliser, à un niveau plus profond ce texte est une réflexion sur la vérité théologique selon laquelle Dieu se communique aux hommes qui le cherchent. Il n’est donc pas question ici simplement de techniques – de moyens ou de savoir-faire efficaces en vue du travail d’évangélisation – mais plutôt de l’initiative libre et gratuite de Dieu qui nous parle. Héraut de l’Évangile, le chrétien est quelqu’un qui a été touché par Dieu et qui, de ce fait, veut partager son expérience, sa foi, la joie qu’il a trouvée. Il est au service du don qu’il a reçu, et n’est pas son propre maître. L’œuvre d’évangélisation appartient à l’Esprit Saint dont nous sommes les serviteurs. Nous sommes ainsi interpellés sur la vigueur de notre foi, sur la mesure dans laquelle nous croyons ce que nous professons, et sur la qualité de notre présence dans l’Église et auprès des autres. Dieu s’adresse à nous pour nous appeler à la communion avec lui et à la communion entre nous en lui. Ce n’est pas une simple idée mais une réalité vécue dans la foi et dans la pratique. Si nous ne vivons pas cette communion entre nous et que nous nous contentons de la prêcher, nos paroles seront vides et sans valeur. Il est donc question ici non pas d’une stratégie, mais de la qualité de notre présence – comment nous sommes pour les autres et avec les autres. Ce document s’interroge sur l’Église et sur sa capacité d’être une vraie communauté, une vraie fraternité, un corps vivant.
Je présume que les difficultés que nous rencontrons dans nos Ordres sont assez similaires, et que c’est une expérience que beaucoup d’entre vous ont faite également : d’une façon générale, nos communautés situées dans le monde occidental sont plutôt âgées, avec peu de jeunes (il existe quelques exceptions notables) ; elles ont des difficultés à trouver des hommes susceptibles d’exercer l’autorité à différents niveaux, ont des problèmes liés à l’économie, à l’aide accrue des laïcs, aux grands bâtiments, et bien d’autres encore. Dans les régions où il y a croissance, comme dans certaines parties d’Asie, d’Afrique et en Amérique latine, les communautés rencontrent d’autres défis. Mais pour toutes les communautés, le plus grand défi est celui de s’aimer les uns les autres, ce sont les relations – vivre avec ses frères ou ses sœurs dans l’amour. Certaines communautés ont beaucoup travaillé sur le dialogue ou sur les dynamiques de groupe avec des modérateurs et des spécialistes du conseil et des thérapies personnelles. Dans la plupart des cas, la qualité des relations s’est améliorée. C’est assurément une bonne chose, mais cela ne suffit pas. Pour nous moines et moniales chrétiens, le fondement de notre amour réside dans notre foi (et notre espérance) en Dieu. Ainsi seulement, nous serons capables de relever le défi en répondant à la question sur l’Église et sa capacité d’être une vraie communauté, une vraie fraternité, un corps vivant. La foi nous montre la valeur et la dignité que Dieu nous attribue, et qu’il attribue à chaque homme. Cette prise de conscience nous rend plus humbles, en nous donnant la patience qui est à la base de tout amour authentique.
Dans le premier chapitre (« Le temps d’une “nouvelle évangélisation” »), ce concept est repris et approfondi. Il apparaît clairement qu’un sursaut spirituel est nécessaire pour répondre aux défis que les rapides changements en cours dans la société et dans la culture posent à la foi chrétienne, non seulement en Europe mais dans le monde entier. Le document note que l’expression « nouvelle évangélisation » n’est pas toujours bien acceptée à l’intérieur de l’Église et parmi les autres dénominations chrétiennes, qui y voient un jugement négatif sur le passé de l’Église, une nouvelle façon de faire du prosélytisme, ou un changement d’attitude possible vis-à-vis des non croyants. Je ne suis pas certain de la pertinence du premier point, concernant le passé de l’Église. J’espère qu’il ne s’agit pas d’avoir l’audace d’affirmer que nous sommes ceux qui ont la lumière, qui sont fervents, et qui ont toutes les réponses, contrairement au passé. Je comprends en revanche que cet « appel à l’action » puisse être vu comme un type de croisade qui pourrait menacer les autres. Cela dépendra en grande partie de l’attitude de l’Église. Celle présentée par Benoît XVI, avec l’image du « parvis des Gentils », semble évoquer un type de présence plus humble, ce qui serait hautement souhaitable. Le souci de tous les hommes, croyants et non croyants, émanant de son désir de se mettre au service du mystère pour lequel et duquel elle vit, est la motivation qui doit animer l’Église dans son action. L’accent mis sur l’auto-évaluation, la purification et le discernement permanent laisse espérer que l’esprit qui anime cet effort de revitalisation permettra d’éviter les embûches mentionnées précédemment.
Le document s’attache ensuite à définir les secteurs de la société actuelle qui représentent un défi pour l’évangélisation. On y trouve un bon résumé des grandes questions qui agitent le monde d’aujourd’hui : la sécularisation et ses conséquences ; les migrations et la mondialisation ; les technologies de l’information et les moyens de communication sociale ; le fossé Nord-Sud et la crise économique persistante ; les avancées de la recherche scientifique et technologique, avec les avantages qu’ils comportent et les défis qu’ils posent ; la vie citoyenne et politique et les changements en cours dans la politique mondiale liés à l’émergence de nouvelles forces économiques, politiques et religieuses, avec les conséquences qui en découlent.
Cette description du monde contemporain n’est pas nouvelle dans les domaines mentionnés. Après avoir évoqué les potentialités et les dangers de la situation présente, le document montre comment l’Église et la communauté chrétienne peuvent répondre à ces défis. La solution proposée consiste à surmonter ses peurs et à s’engager dans un discernement critique pour évaluer la situation à la lumière du don chrétien de l’espérance. Ces nouveaux défis, qui nous appellent à entamer un dialogue, demandent que nous jetions un regard critique sur notre manière de vivre et de penser, sur nos valeurs et sur nos moyens de communication. Ils nous appellent à une auto-évaluation qui peut mener à une vision plus claire de nous-mêmes, en tant que chrétiens aujourd’hui. Cet appel débouche sur des stratégies concrètes d’évangélisation, sur le courage de parler de Dieu et sur un effort soutenu pour rendre un témoignage commun de la force de l’Évangile.
Durant notre dernier Chapitre général (septembre 2011), nous avons examiné comme d’habitude les rapports de toutes les communautés de l’Ordre, et je voudrais partager avec vous quelques-unes des principales conclusions qui sont apparues, et qui montrent comment nos communautés affrontent le monde tel qu’il est présenté ici. Mis à part les problèmes particuliers de certaines communautés, nous avons pu constater un renouveau spirituel dans différentes parties de l’Ordre, y compris dans les maisons des régions marquées par le vieillissement. La vitalité d’une communauté ne dépend pas tant de l’âge de ses membres ou de leur nombre que de leur façon de vivre la vie cistercienne. Certaines communautés, bien que précaires, montrent qu’elles ont un grand désir de vivre, une grande espérance et une vraie sérénité. La vie cistercienne est vécue avec authenticité quand on y trouve les valeurs évangéliques du pardon, de la réconciliation, de la miséricorde et de l’unité, promues de façon authentique. Il apparaît ainsi que deux choses sont nécessaires pour qu’une communauté soit à même de vivre et d’évoluer – ou au moins de persévérer – dans une dynamique de foi : d’une part, la capacité de se remettre en question et la conscience d’être tout au long de sa vie dans un processus de formation et de développement, ce qui donne la disposition intérieure voulue pour lutter contre l’individualisme et mener une vie épanouie ; et d’autre part, la capacité de donner une expression à une certaine vision, de définir un projet qui vient du cœur et qui appartient à toute la communauté. Avec de telles dispositions, bon nombre de communautés ont été capables de trouver les ressources nécessaires pour faire face à la situation où elles se trouvaient.
D’un autre côté, il est clair que certaines communautés sont bloquées et n’ont pas une vision claire de leur situation. D’autres connaissent de grosses difficultés ou des divisions internes. D’une façon plus concrète, certaines communautés, après avoir passé des années à adapter leurs bâtiments, améliorer la qualité de leur vie fraternelle et la fidélité aux valeurs monastiques, et l’ayant fait de façon pondérée et calme, se sont aperçues que tout cela n’a pas vraiment changé leur situation, et s’interrogent sur de nouvelles façons d’aller de l’avant. D’autres encore, après avoir travaillé sur les relations interpersonnelles, découvrent maintenant un manque d’intériorité en leur sein et tentent de redresser ce déséquilibre en revitalisant les grandes valeurs monastiques. L’utilisation des moyens de communication modernes demeure une question non résolue pour nombre de communautés. Le dialogue entre les monastères d’une même région s’est révélé très utile pour ouvrir certaines communautés et les aider à comprendre qu’elles ne peuvent pas résoudre leurs problèmes toutes seules. Tous ces rapports nous fournissent des indications sur la façon dont les communautés de notre Ordre répondent aux défis du monde actuel.
On considère généralement que la vie consacrée a un rôle important à jouer dans tout ce qui touche à la spiritualité et au sentiment religieux chez les hommes d’aujourd’hui, ainsi qu’au dialogue avec les grandes religions du monde. Beaucoup de communautés découvrent qu’un grand nombre de laïcs sont intéressés non seulement à visiter nos monastères, mais aussi à approfondir leur connaissance et leur compréhension de la spiritualité cistercienne, pour qu’elle les aide à mener une vie chrétienne plus authentique dans leur paroisse et leur diocèse. Des deux côtés de l’Atlantique, des moines et des moniales sont engagés dans le dialogue Est-Ouest. Cependant, ils ne représentent encore qu’une minorité, malgré d’importants efforts accomplis dans le monde bénédictin pour accroître l’intérêt et l’engagement en ce sens. Nous avons une présence petite et discrète dans le monde musulman, et bien sûr le film « Des Hommes et des Dieux » a donné une grande publicité au témoignage des moines de Tibhirine.
Le deuxième chapitre, intitulé « Proclamer l’Évangile de Jésus Christ », est à mon sens la partie la plus marquante et la plus importante de ce document : elle est centrée sur l’objectif de transmettre la foi en favorisant une rencontre personnelle avec Jésus Christ dans l’Esprit, pour faire l’expérience de son Père qui est notre Père. Transmettre la foi au Christ signifie créer des conditions favorables à la foi, une foi méditée, célébrée, vécue et priée. En un mot, cela signifie participer à la vie de l’Église. Ce qui n’est pas d’abord cru et vécu ne peut pas être transmis. Ce n’est qu’en étant avec Jésus et en vivant l’expérience du Père dans l’Esprit que nous pouvons parler de notre vie. C’est un don et une tâche pour tous ceux qui viennent à Jésus et croient en lui. La transmission se fait à travers les saintes Écritures et la tradition vivante de l’Église. La catéchèse et le catéchuménat sont des moyens pour transmettre cette tradition grâce à des enseignants qui initient les personnes aux Écritures et à la connaissance du Seigneur par leur enseignement et par leur exemple. La question de l’initiation chrétienne est traitée plus en détail au troisième chapitre. On y trouve une affirmation extraordinairement claire de ce que signifie grandir dans la foi en Jésus.
En vue de cette transmission, l’Église rencontre de nombreuses difficultés dans le monde d’aujourd’hui en raison du manque de prêtres et de l’état où se trouvent beaucoup de familles religieuses accablées par les combats de la foi. Le document semble se tourner vers les groupes et les mouvements ecclésiaux pour combler ce manque.
Dans la vie monastique, comme on l’a vu précédemment, beaucoup de communautés se heurtent à des difficultés analogues à celles de l’Église pour transmettre la vie qu’elles ont reçue. Certaines peinent à trouver parmi leurs membres des personnes aptes à remplir le rôle de formateur ; d’autres ont des difficultés à trouver des personnes qui accompagnent ceux qui sont en formation ; mais d’autres encore ont les ressources et l’expérience voulues, et les rapports présentés à notre Chapitre général reflètent leur expérience en matière de formation. La communauté est le premier formateur lorsque la recherche de Dieu est vivante et présente parmi ses membres. Chaque membre est responsable de la transmission des valeurs monastiques à la génération suivante. L’exemple d’une vie heureuse et cohérente donné par les membres plus âgés est vital pour que les plus jeunes persévèrent : ils suivront ce qu’ils peuvent voir et toucher. Il est important aussi qu’il y ait une vision communautaire, soutenue par l’enseignement du Supérieur. Une communauté a besoin d’être unie, et pour cela, il faut qu’il y ait un dialogue authentique, car c’est ainsi que les cœurs sont changés et que la grâce opère. La réalité des candidats aujourd’hui demande, plus encore que par le passé, un discernement sérieux et humble sur la solidité de leur vocation et sur la capacité de la communauté de les former. Même si la communauté n’est pas parfaite, elle peut s’attendre à ce que le novice ait le désir de suivre Jésus. La capacité de se donner fait partie de tout appel authentique à suivre le Seigneur. Nous ne devons pas tomber dans l’illusion qu’en rendant la vie plus facile ou en abaissant nos idéaux, nous pouvons espérer rendre les personnes plus contentes. Le rôle du formateur est d’aider chaque personne formée à intégrer ce qu’il reçoit au point de l’intérioriser et d’en être transformé. C’est pourquoi la formation initiale doit mettre l’accent sur l’immersion dans la vie quotidienne et dans les valeurs monastiques vécues, plus encore que sur la formation intellectuelle. Elle doit s’attacher à mettre en contact avec le Christ plutôt qu’à la catéchèse. Le formateur doit être en bons termes avec son abbé et avec sa communauté pour pouvoir aider le novice à nouer de bons rapports avec eux et avec Dieu. Cette expérience reflète bien ce qui est dit dans ce chapitre et dans sa conclusion, à savoir que l’Église doit être une communauté de témoins de l’Évangile. Il est stimulant de noter que l’un des fruits de cette vie chrétienne renouvelée est « le courage de reconnaître et d’admettre nos erreurs » !