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La formation monastique aujourd’hui
(2e partie)
Bulletin n° 120, année 2021
Sommaire
Éditorial
Dom J.-P. Longeat, osb, Président de l’AIM
S’entraîner à la course monastique
Lectio divina
Nous sommes formés « en étant avec »
Dom Maksymilian R. Nawara, osb
Perspectives
• La formation à la vie monastique
Dom Gregory Polan, OSB
• La terre féconde de la formation monastique
Dom Mauro-Giuseppe Lepori, OCist
• L’institut monastique bénédictin du BECAN
P. Peter Eghwrudjakpor, OSB
• La formation Ananie
Sœur Marie Ricard, OSB
• La formation monastique au Vietnam
Sœur Marie-Lucie, OCist
• La formation monastique en Tanzanie
Frère Pius Boa, OSB
• Les sessions de formation au monastère de Mvanda
Mère Anna Chiara Meli, OCSO
• Une réponse de la congrégation bénédictine anglaise au défi de la formation continue
Père Chad Boulton, OSB
Témoignage
Les études de théologie au monastère
Sœur Claire Cachia, OSB
Ouverture au monde
Des défis pour les chrétiens et pour les consacrés dans un monde agité
Professeur Italo de Sandre
Une page d’histoire
Le monastère St-Benoît de Volmoed
Frère Daniel Ludik, OHC
Moines et moniales, témoins pour notre temps
• Mère Marie-Chantal Modoux
Les sœurs d’Encontro, OSB
• Charles de Foucauld
Père Michael Davide Semeraro, OSB
Nouvelles
• La fondation de Vitorchiano au Portugal
Les sœurs de Palaçoulo, OCSO
• La fondation au Caire
Frère Maximillian Musindal, OSB
• L’abbaye Sainte-Marie-Du-Désert
Le Village de François
Éditorial
Le sujet de la formation est inépuisable. Nous ne pensions pas à l’origine y consacrer deux numéros à la suite, mais à vrai dire, cela même paraît insuffisant. Le fait de parler de formation monastique implique obligatoirement une certaine approche du phénomène monastique lui-même et plus largement une manière d’aborder la foi chrétienne et sa transmission.
Le père abbé Maksymilian R. Nawara, ancien père abbé de Lubiń, en Pologne, et maintenant Président de la congrégation de l’Annonciation nous introduit à cette réflexion par une lectio sur l’appel des premiers disciples en saint Jean.
Le Père Abbé Primat nous donne son point de vue sur cette question ainsi que le Père Abbé général des cisterciens.
Plusieurs exemples de formation monastique sur le terrain sont ensuite présentés ainsi que l’un ou l’autre témoignage et des échos de certaines initiatives.
Italo de Sandre nous partage ses préoccupations concernant les rapports entre la vie monastique et le monde présent.
Vous retrouverez ensuite les rubriques habituelles : Liturgie, Une page d’histoire, Moines et moniales témoins pour notre temps, Nouvelles, etc.
Laissons-nous « informer » au plus profond afin de pouvoir réaliser ce à quoi nous sommes appelés. En ces temps de crise, c’est le moment où jamais de cultiver les fondamentaux qui nous permettront de franchir les obstacles et de bâtir un monde neuf.
Dom Jean-Pierre Longeat, OSB
Président de l’AIM
Articles
S’entraîner à la course monastique
1
Dom Jean-Pierre Longeat, OSB
Président de l’AIM
S’entraîner à la course monastique
Dans la dernière partie du prologue de sa Règle, saint Benoît présente le monastère comme une école du service du Seigneur. C’est dire qu’il entend faire de la vie monastique un lieu de formation permanente. Dans ce même prologue, il donne quelques caractéristiques de l’enseignement partagé dans cette école ; le premier et le plus important est la qualité de l’écoute en vue d’une mise en œuvre efficace du commandement de la charité.
Mais que l’on me permette d’évoquer ici l’un des versets du prologue qui, me semble-t-il, donne aussi un accent utile pour aujourd’hui en matière de formation. Saint Benoît ne vise pas simplement la perfection d’une observance extérieure qui serait le gage d’une réussite illusoire dans la sphère du temps présent ; il s’attache surtout à une perspective qui intègre la dimension de la vie éternelle déjà active maintenant mais en devenir au-delà des limites de l’aujourd’hui. C’est pourquoi, il emploie ce verset tiré de saint Jean qui caractérise bien le propos bénédictin :
« Courez pendant que vous avez la lumière de la vie, de peur que les ténèbres de la mort ne vous saisissent » (Jean 12, 35 cité en RB, Prol 13).
En saint Jean, la lumière dont il s’agit désigne le Christ lui-même, et les ténèbres, l’adversaire. Saint Benoît donne un sens un peu différent à ce verset, il le déforme même en ajoutant les termes « de la vie » à « lumière » et « de la mort » à « ténèbres ». Il veut donc insister de manière générale sur le drame des choix de l’être humain en opposant le court temps de la vie terrestre et le long « temps » de la mort éternelle. Il insiste aussi de manière particulière sur la course nécessaire qui accentue l’urgence.
1. Perspective eschatologique et conséquences
Les moines sont appelés à vivre d’une manière très caractéristique dans une perspective eschatologique. Saint Benoît, même s’il admet que les dons éternels sont déjà pour une part offerts ici-bas (cf. RB 7 ; 72 et 73), envisage aussi l’activité du moine dans la tension du non encore advenu de son devenir éternel. Un certain nombre de versets de la Règle évoque concrètement cette perspective : ainsi saint Benoît invite les moines à « désirer la vie éternelle de toute l’ardeur de leur âme » (4, 46) et à agir avec « le bon zèle qui conduit à Dieu et à la vie éternelle » (72, 2) ; pour cela ils ne doivent « absolument rien préférer au Christ, lequel daigne nous conduire tous ensemble à la vie éternelle » (72, 11). C’est pourquoi saint Benoît demande aux moines d’une manière pressante : « Courons et faisons dès maintenant ce qui nous profitera pour l’éternité » (Pr 44). Au fond, dans la vie monastique, nous nous formons et nous nous préparons à la vie surabondante du Royaume éternel. Quant à l’abbé « il doit se souvenir sans cesse qu’au redoutable jugement de Dieu, il devra rendre compte » (2, 6, 34, 37, 38, 39-40).
Il faut rappeler ici la prière caractéristique de la vie monastique, celle de l’office de Vigiles qui est un temps de veille tourné vers la venue du Christ dans l’espérance de la lumière. Il n’y a rien là que de très chrétien, mais les moines accentuent particulièrement cette dimension. C’est même ce qui caractérise le mieux la vie monastique avec un rapport au temps et à l’espace qui tranche sur la manière habituelle qu’ont les êtres humains de l’envisager. C’est aussi ce qui rend parfois les moines un peu difficiles à comprendre et même à accepter.
2. Courir
Le fait d’envisager la vie ici-bas comme un bref passage en vue d’une vie éternelle dès maintenant et au-delà de la mort invite les moines à ne pas perdre de temps et donc à courir vers le but. Saint Benoît y revient à plusieurs reprises.
Il y a d’abord le principe général :
« Si désireux d’éviter les peines de l’enfer, nous voulons parvenir à la vie éternelle, tandis qu’il en est temps encore et que nous sommes en ce monde et que nous pouvons accomplir toutes choses à la lumière de cette vie, courons et faisons, dès ce moment, ce qui nous profitera pour toute l’éternité » (Pr. 44).
Ce passage est très proche de la citation de Jean 12, 35 (cf. plus haut). Concrètement donc, si l’on veut vivre ainsi, il faut avoir au cœur le désir d’habiter dans la demeure du Royaume en sachant que l’on y parvient que si l’on y court « par les bonnes actions » (Pr 22). Ainsi, « à mesure que l’on progresse dans la vie religieuse et dans la foi, le cœur se dilate, on court sur la voie des commandements de Dieu » (Pr 49). Il y a là comme une conséquence de la disposition intérieure dans laquelle le moine a placé son désir : il a tourné son cœur vers la vie éternelle et cela a produit une dilatation telle qu’il court maintenant sur la voie des commandements de Dieu ; le commandement est bien là ce qu’il doit être, non pas un ordre à accomplir comme de l’extérieur, mais une visée selon le mot grec entolé, de en telos, ce qui conduit vers la finalité.
Après avoir posé ce principe, saint Benoît peut envisager des situations particulières dont le sens n’est perceptible qu’en relation avec cette finalité. L’abbé par exemple « doit courir (currere, s’empresser) avec toute son adresse et toute son industrie pour ne perdre aucune des brebis à lui confiées » (RB 27, 5).
Le chapitre 5 de la Règle est tout entier dans cette perspective d’une vie empressée à répondre à l’appel reçu. Le verbe currere n’y est pas employé, mais on trouve des expressions particulièrement fortes qui placent le sujet dans la même disposition que celle de la course dans l’élan de la vie éternelle :
Et les disciples, « mus par le service sacré dont ils ont fait profession ou par la crainte (metum) de la géhenne ou par la gloire de la vie éternelle, dès que (mox) le supérieur a commandé quelque chose, ne peuvent souffrir d’en différer l’exécution, tout comme si Dieu lui-même en avait donné l’ordre… Ceux qui sont dans ces dispositions, renonçant aussitôt à leurs propres intérêts et à leur propre volont é, quittent aussitôt (mox) ce qu’ils tenaient à la main et laissent inachevé ce qu’ils faisaient. Ils suivent d’un pied si prompt l’ordre donné que dans l’empressement de la crainte de Dieu, il n’y a pas d’intervalle entre la parole du supérieur et l’action du disciple. […] Ainsi agissent ceux qui aspirent ardemment à la vie éternelle » (5, 3.9-10).
Le mouvement de l’obéissance vaut aussi pour la réponse apportée à l’appel de l’office divin :
« Que les moines soient toujours prêts. Au signal donné, ils se lèveront aussitôt et s’empresseront à l’envi vers l’Œuvre de Dieu, en toute gravité cependant et modestie » (22, 6).
On trouve cette mention une deuxième fois dans la Règle :
« À l’heure de l’office divin, on se hâtera d’accourir, avec gravité néanmoins afin de ne pas donner aliment à la dissipation. Que rien ne soit préféré à l’Œuvre de Dieu » (43, 3).
Le premier passage est tiré du chapitre sur le sommeil des moines et le deuxième du chapitre concernant ceux qui arrivent en retard à l’Œuvre de Dieu ou à table. Il faut reconnaître qu’il y a bien là une caractéristique de la vie monastique bénédictine. Il est toujours très frappant dans nos monastères de voir comment les moines se pressent vers l’église pour l’office divin quelle que soit la raison qui les fait se presser ; il n’est pas sûr que ce soit toujours celle de la vie éternelle à ne pas manquer !
Enfin, il y a une autre dimension de l’empressement que saint Benoît privilégie dans la vie du moine : c’est celle de l’accueil d’un hôte ou de celui qui frappe à la porte du monastère :
« Dès qu’un hôte aura été annoncé, le supérieur et les frères accourront (occuratur) au-devant de lui avec toutes les marques de la charité » (53, 3) ;
« Aussitôt (mox) qu’on aura frappé ou qu’un pauvre aura appelé, […] dans toute la mansuétude qu’inspire la crainte de Dieu, le portier s’empressera (festinanter) de répondre avec une charité fervente » (66, 3-4).
Il y a là aussi une caractéristique de notre vie bénédictine, même si aujourd’hui, il est parfois bien difficile de faire face avec empressement à toutes les demandes et que, souvent, un minimum de distance s’impose pour que soit mieux servie la charité.
Ce thème de la course prend sa source dans la Bible. La Parole de Dieu elle-même s’élance joyeuse pour courir sa carrière (Ps 18). Elle s’élance du trône royal (Sg 18, 15) ; Dieu l’envoie et rapide, elle court (Ps 147, 15). Les hommes de Dieu, les vrais prophètes, les prêtres saints et les rois justes courent pour mettre en œuvre la Parole : « Qu’ils sont beaux les pieds de celui qui annoncent la paix ».
Les foules accourent vers Jean-Baptiste au désert, et vers Jésus tout au long de son ministère publique. Marie part en toute hâte chez sa cousine Élisabeth après l’annonciation. Avec Jésus, on n’a même plus le temps de manger à certaines heures.
Les disciples courent vers le tombeau et reviennent en courant annoncer la résurrection du Seigneur.
Après la Pentecôte, les disciples courent de tous côtés pour proclamer l’Évangile jusqu’aux extrémités du monde. Saint Paul court tendu vers le but (Ph 3).
Il y a urgence à courir pour la Bonne Nouvelle, soit pour l’entendre, soit pour la proclamer car le temps se fait court :
« Les temps sont accomplis, le Royaume de Dieu est là, il n’y a plus de temps à perdre, convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle ».

3. Courir sans se hâter en ces temps qui sont les derniers
En conclusion, voici quelques points d’attention sur ce thème d’une formation, d’un entraînement monastique, cher à saint Benoît.
Les moines courent et s’empressent, c’est une évidence dans tous les monastères. Mais de quelle course s’agit-il ? Est-ce bien la course de celui qui a pris conscience que la vie est tellement brève qu’il n’y a plus de temps à perdre ?
Notre agitation est souvent marquée par les pressions de la société contemporaine : travail, administration, loisirs sont soumis à des rythmes qu’il faut tenir sous peine de déclassement, de marginalisation. C’est vrai que bien des secteurs doivent respecter des impératifs très contraignants. Mais peut-on en rester là ? Notre course ne doit-elle pas se convertir sans cesse vers le désir ultime, celui de l’accomplissement la vie en Dieu dans la communion de la fraternité humaine ?
Les moines sont essentiellement comme tous les chrétiens, mais peut-être plus sensiblement encore, des hommes du huitième jour. Ce jour est l’au-delà des jours, l’au-delà de l’histoire dans l’histoire. Le sens de la vie monastique se tient dans une sortie du siècle, au deux sens du mot, autrement dit dans une prise de champ plus ou moins prononcée qui permet d’être dans le monde sans être du monde.
Cette prise de champ vise une expérience de Dieu par la libération de la tyrannie des passions et la prière hors des contraintes d’un siècle où le temps et l’espace ne sont pas organisés en fonction de cette priorité.
Si l’on doit courir, c’est bien là, sur les voies de l’amour, dans les bonnes œuvres telles qu’elles sont décrites en RB 4, sur la voie des commandements, le cœur dilaté, dans la prière, à l’heure de l’office, dans l’obéissance, dans le soin des pécheurs, pour ne perdre aucune des brebis du troupeau, dans l’accueil des hôtes ou de ceux qui frappent à la porte du monastère.
Il s’agit bien de rompre avec les manières du siècle, sans aucun mépris, mais en établissant une hiérarchie des valeurs différente.
Nous donnons-nous vraiment les moyens d’un tel apprentissage, d’un tel entraînement, d’une telle formation ?
Nous sommes formés en « étant avec »
2
Lectio divina
Dom Maksymilian R. Nawara, osb
Abbé Président de la congrégation de l’Annonciation
Nous sommes formés en « étant avec »
« Le lendemain encore, Jean se trouvait là avec deux de ses disciples. Posant son regard sur Jésus qui allait et venait, il dit : “Voici l’Agneau de Dieu”. Les deux disciples entendirent ce qu’il disait, et ils suivirent Jésus. Se retournant, Jésus vit qu’ils le suivaient, et leur dit : “Que cherchez-vous?” Ils répondirent : “Rabbi – ce qui veut dire Maître, où demeures-tu ?”. Il leur dit : “Venez et vous verrez”. Ils allèrent donc, ils virent où il demeurait et ils restèrent auprès de lui ce jour-là. C’était vers la dixième heure (environ quatre heures de l’après-midi). » (Jean 1, 35-39)
Jean-Baptiste est le messager venu comme témoin de la lumière (Jn 1, 6), il a rendu droit le chemin pour le Seigneur (Jn 1, 23), afin de faire connaître l’Agneau de Dieu (Jn 1, 29). Il connaissait Jésus et l’attendait, mais il avait besoin de temps avec Jésus pour se former.
Dans l’évangile de Jean, le Baptiste en conversation avec les pharisiens révèle son identité : « Je ne suis pas le Messie » (Jn 1, 20-27). Très peu de temps après, l’Évangile dit : « Le lendemain », Jean rencontra Jésus et le reconnut, rendant ce témoignage à ses disciples : « Il est le Fils de Dieu » (Jn 1, 34). Malgré cela, après avoir entendu les nouvelles au sujet de Jésus, alors que Jean était en prison, il envoya des messagers à Jésus pour lui demander : « Es-tu celui que nous attendons ? » (Mt 11, 3). Nous voyons clairement qu’il avait besoin de temps avec Jésus pour se former.
Nous vivons à un moment de l’histoire où le progrès technologique nous permet de faire beaucoup de choses plus efficacement et plus rapidement. Nous avons accès à diverses choses beaucoup plus facilement. De plus, l’accès au savoir est à portée de main et l’enseignement à distance est disponible à l’intérieur de la clôture. Dans le même temps, un jour est toujours fait de vingt-quatre heures et une semaine, de sept jours. Il semblerait que nous ayons plus de temps et pourtant… nous vivons à une époque où nous manquons encore de temps. Même dans les monastères, on entend souvent des moines ou des moniales se plaindre de ne pas avoir assez de temps pour faire tout ce qu’ils voudraient.
L’Évangile nous arrête et attire notre attention sur les fondements de toute formation humaine. Il faut du temps pour qu’une rencontre devienne une connaissance. Il faut du temps pour qu’une connaissance soit un témoignage. Sans ce temps-là, le témoignage n’a aucune valeur car il manque d’expérience.
Allez avec Jésus
Deux disciples de Jean ont entendu leur Maître parler de l’Agneau de Dieu et sont allés à la suite de Jésus. Une nouvelle étape commence pour eux : les disciples de la Voix deviennent des disciples de la Parole.
Suivre Jésus, suivre le même chemin que le Fils, est une synthèse de l’expérience chrétienne. Le christianisme n’est pas un recueil de belles histoires ou d’impératifs moraux ; c’est la réalité de la personne de Jésus qui est suivie parce qu’elle est aimée : « Qui me suit aura la lumière de la vie et il ne marchera jamais dans les ténèbres » (Jn 8, 12).
En Jean 1, 36, Jésus se tourne vers ceux qui le suivent, et pour la première fois (dans l’évangile de Jean) il ouvre la bouche et prononce ses premières paroles, sous la forme d’une question : « Que cherchez-vous ? ». Cette question est cruciale pour de nombreuses raisons. Qu’est-ce que je recherche dans ma vie, dans mon travail, dans mes relations ? Qu’est-ce que je recherche dans l’Église, dans ma communauté monastique ? Toutes ces questions et bien d’autres sont importantes à poser à tous les niveaux de la formation monastique. La question de Jésus est également liée au temps, elle est très juste : « Je passe du temps sur ce que je recherche. Qu’est-ce que je recherche pour lequel j’investis du temps ? ».
La réponse des disciples n’est pas directe. Ils ne disent pas : « Nous cherchons ceci et cela », ils ne disent même pas : « Nous cherchons le Messie ». Ils posent une autre question : « Où demeures-tu, Rabbi ? ». Cette question exprime leur profond désir d’être avec Jésus. Et Jésus répond : « Venez et vous verrez ».
C’est là que commence le chemin du disciple de la Parole. Passer des idées, théories, déclarations, manifestations et slogans au partage de la vie. Partager ma vie, c’est partager mon temps avec quelqu’un, avec ce Quelqu’un que j’ai rencontré, avec Jésus. Il n’y a pas d’autre moyen de vraiment connaître Jésus que de partager du temps avec lui : dans la prière, la lectio divina et la fraternité. Mais cette vérité est étroitement liée à une réponse honnête à la question : « Qu’est-ce que je recherche ? » Qu’est-ce que je cherche pour lequel j’accepte de perdre du temps ?
Partage
L’Évangile dit : « Ils allèrent donc, ils virent où il demeurait et ils restèrent auprès de lui ce jour-là ». Encore une fois, nous revenons à ces affirmations clés : il faut du temps pour qu’une rencontre devienne une connaissance. Il faut du temps pour qu’une connaissance soit un témoignage. Le fruit du temps passé avec Jésus est le témoignage : « Nous avons trouvé le Messie », nous avons trouvé la lumière de la vie.
La formation monastique est principalement axée sur le partage. Partager la vie quotidienne, le temps, le travail, tout. Comment pouvons-nous apprendre à vivre ensemble si nous ne partageons pas quotidiennement du temps avec nos frères et sœurs ? Comment pouvons-nous connaître Jésus si ce n’est en partageant notre temps avec lui ? Une connaissance deviendra un témoignage avec le temps. Sur le chemin monastique, nous sommes formés en étant avec lui, ainsi qu’avec nos frères et sœurs.
« Venez et vous verrez, je veux tout vous dire. Je vous guiderai jour après jour. »
La formation à la vie monastique
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Perspectives
Dom Gregory Polan, OSB
Abbé Primat
La formation à la vie monastique
L’effort essentiel de la formation monastique est la transformation du cœur. Pour parler du cœur humain, la perspective biblique peut être un bon point de départ. Dans la Bible, le cœur est le lieu de ce que nous pourrions décrire actuellement comme la résultante de la capacité mentale combinée à la conscience émotionnelle.
La philosophie de la Grèce antique, qui a fondé et influencé la pensée occidentale pendant des siècles, séparait l’esprit et le cœur en deux fonctions distinctes chez une seule personne. Dans ce qui va suivre nous aimerions adopter la vision biblique et considérer que l’esprit et le cœur peuvent fonctionner en harmonie. Pendant notre formation monastique nous acquérons énormément d’informations concernant les traditions anciennes, les personnages historiques et la manière dont des hommes et des femmes ont développé et fait évoluer la vie monastique au cours des siècles.
Ce qui est ainsi reçu doit bien sûr être médité afin que chacun se l’approprie au cours du temps pour en faire une disposition intérieure. Ne choisissons-nous pas d’intégrer les traditions, les valeurs et les enseignements de la formation monastique dans notre vie pour apporter des changements utiles au bien de notre âme ? Cette union harmonieuse de l’esprit et du cœur a une importance durable dans la mesure où nous considérons le processus de formation comme une entreprise à vie. Ses débuts sont donc particulièrement importants puisqu’ils établissent le rythme requis pour la conversion et la transformation de notre cœur tout au long de cette vie.
Accorder un rôle central à notre cœur est l’entreprise de toute une vie ; on pourrait dire que la formation est un voyage du cœur qui, une fois commencé, reste attentif au chuchotement discret de la voix de Dieu dans nos vies. L’Ancien et le Nouveau Testament offrent tous deux des exemples qui peuvent aider à trouver un sens au cheminement de la formation.
Dans l’Ancien Testament, le peuple hébreu a progressé, dans le désert, de l’esclavage en Égypte vers la liberté en Terre Promise, et ceci sous le regard providentiel de Dieu. Au cours de ce voyage, il a connu tous les aspects de l’expérience spirituelle : tentations, frustrations, trahisons, peur, miséricorde, compassion, conversion et enfin, accomplissement de la promesse de Dieu (Dt 8, 1-18). Ayant vécu ces rencontres avec son péché et bénéficier de la rédemption, il a été constitué par Dieu comme peuple de la foi.
Dans l’Évangile, Luc raconte l’histoire du mystère pascal de Jésus dans le contexte d’un voyage, une sorte de récit de pèlerinage spirituel. « (Moïse et Élie) parlaient de son départ qui allait s’accomplir vers Jérusalem. [...] Comme s’accomplissait le temps où il allait être enlevé au ciel, Jésus, le visage déterminé, prit la route de Jérusalem » (Lc 9, 31.51). Jésus lui-même a vécu les mêmes expériences que celles connues par ses ancêtres dans la foi lors de l’Exode : tentation, frustration, trahison, peur, miséricorde, compassion, acceptation et enfin accomplissement de la promesse de Dieu. Ayant totalement partagé notre condition d’hommes (à l’exception du péché), Jésus a fait le voyage humain de la naissance à la mort et finalement à la résurrection.
Celui qui veut vraiment accomplir ce voyage, qui veut suivre Jésus sur le chemin de la croix, celui-là doit subir une série de transformations, de plus en plus profondes, de son cœur. Le cœur est le lieu où la croyance, la ferveur et la conviction initiales doivent finalement faire place à un engagement à vie pour ce voyage.

La formation à la vie monastique doit prendre en considération le monde dans lequel nous vivons, la culture dans laquelle nous avons été élevés, les valeurs que nous avons inconsciemment assumées. Les progrès technologiques qui accélèrent le rythme de la vie, la culture de consommation dans laquelle nous sommes peut-être involontairement intégrés, le niveau de bruit auquel nous nous sommes habitués, tout cela fait tellement partie de notre vie que nous ne le réalisons pas vraiment.
Mais si des problèmes technologiques ralentissent ou entravent notre sentiment de progrès ou de productivité, nous réalisons alors quel impact peut avoir la technologie sur notre vie quotidienne. Ce n’est que lorsque nous devons nous passer d’une chose que nous réalisons combien nous étions dépendants, du fait que nous l’avions toujours à disposition. Ce n’est que lorsque nous nous trouvons dans un lieu ou dans une atmosphère de silence absolu que nous réalisons quel rôle jouait le bruit maintenant absent.
De telles prises de conscience peuvent devenir des occasions de révélation et de connaissance de soi. Ils deviennent alors des moments où nous pouvons poser ces questions d’approfondissement : « Que fais-je de ma vie ? Où vais-je ? Comment est-ce que je pense atteindre mes buts ? Et ai-je la paix intérieure qui me permettra de répondre à des questions aussi profondes ? ».
Je pense que la période de formation la plus importante pour nous est celle qui se situe environ entre 20 ans et 30 ans. Nous sommes alors sortis de l’adolescence et passons à l’âge adulte ; nous commençons à nous tourner vers l’avenir et entrevoyons les questions et les problèmes qui auront un impact sur notre vie dans les années à venir.
C’est pendant ces années que se produisent des changements dans la façon de vivre, de se comporter et de croire. Nous nous sommes dirigés vers la vie monastique au cours de ces années de formation, ou bien plus tard, après qu’une formation significative ait déjà eu lieu ; ces années ont un effet durable sur la façon dont nous nous voyons, dont nous voyons notre monde et, surtout, dont nous voyons Dieu.
Ce sont les années où beaucoup de choses changent : dans notre vie, notre corps, notre vision du monde, nos capacités intellectuelles, la manière d’appréhender certaines valeurs. Le mot « conversion » est lourd de sens dans notre monde d’aujourd’hui. Une conversion est souvent perçue comme une autre façon de concevoir la vie et son sens, de la voir d’une manière désormais très différente ; le terme suggère un changement radical dans la vie et dans le regard.
Mais il existe également de « petites conversions », des modifications plus discrètes dans la façon de vivre, de légers changements de direction qui ne seront visibles qu’après une longue période, parfois même seulement à la fin d’une vie. Certaines personnes choisissent de ne pas se marier et de ne former une famille qu’après s’être assuré une solide carrière. D’autres décideront d’obtenir des diplômes universitaires pour avoir un emploi avant de choisir le mariage ou la vie monastique. Ce qui est important, c’est de savoir jusqu’à quel point quelqu’un a sondé son cœur pour prendre ces décisions. Se connaît-il ? A-t-il une vie intérieure ? S’est-il donné le temps et les moyens (attention, soin) de connaître son cœur ?
Il est une vertu qui doit être pratiquée lors du voyage monastique dans les profondeurs du cœur : c’est la confiance. La vertu de confiance n’est pas évidente aujourd’hui, dans ce monde de promesses non tenues, de tromperies, de corruption chez les gens occupant des postes importants, dans ce monde axé sur la technologie et qui change profondément à une vitesse inimaginable auparavant. Cependant pour le travail et le processus de formation, la confiance reste essentielle.
La confiance doit tout d’abord nous permettre de faire cet acte de foi important : compter sur, se confier à, et se soumettre à un Dieu qui, bien qu’il demeure invisible au regard humain, fait pourtant des merveilles aux yeux de ceux qui ont la foi.
Abraham est l’un des principaux modèles pour la confiance. Sachant seulement que quelque chose au fond de lui l’appelait à des changements importants dans sa vie, Abraham a fait confiance à cette discrète voix intérieure ; notre ferme conviction est que l’impulsion intérieure qui l’a mu était la voix de Dieu (Gn 12-14 ; 22, 1-19). La Vierge Marie est également un modèle de confiance par chaque instant de son appel et par sa vie de croyante (Lc 1, 38 ; 2, 19 ; 2, 51b).
S’engager dans un chemin de formation et y rester exige un niveau de confiance qui acceptera les instructions qui nous sont données ; elles éprouvent les esprits et elles sondent les profondeurs dans le processus d’appropriation, et laisse toujours le temps de trouver la place du cœur. Dans ce processus d’exploration intérieure, la confiance est toujours une composante essentielle : des difficultés se présenteront inévitablement au début, mais c’est assez normal parce que nous passons d’une perspective de vie laïque à celle de la tradition monastique. Les deux présentent des joies et des difficultés, mais on doit au moins prendre la décision de partir confiant pour ce nouveau voyage, celui de la formation monastique. Le psalmiste donne d’ailleurs une instruction simple et directe à tous ceux qui se trouvent dans cette situation : « Aujourd’hui écouterez-vous la parole (de Dieu) ? Ne fermez pas votre cœur… » (Ps 94 / Hb 95, 7b-8a).
Lorsqu’une personne est prête à faire confiance, cela la grandit. La confiance nous encouragera à prendre suffisamment de temps pour pouvoir assimiler les valeurs nouvelles et importantes qui nous seront proposées. Mais, souvent aussi, la confiance exigera de quitter certaines choses de ce monde. Pour qu’une véritable évolution du cœur puisse se produire, nous aurons à abandonner des comportements et des attitudes du passé, même s’ils étaient attrayants ou séduisants. La confiance peut être un vrai défi : il se peut que l’acceptation de ce qui nous est demandé soit timide et transitoire parce que nous craignons que ce qui nous est familier et confortable ne soit perdu à jamais. Chacun de nous aura à faire face à des moments difficiles où seuls la confiance et l’amour, se développant lentement mais sûrement, nous feront avancer. De telles situations nous obligent souvent à reconnaître qu’il faut de l’obéissance.
La racine du mot « obéissance » est latine : audire = écouter. Certains lexicographes suggèrent une nuance : « écouter de l’intérieur ». Nous savons combien cette « écoute intérieure » était importante pour saint Benoît en ce qui concerne la vie monastique : c’est le premier impératif de sa Règle. De plus, saint Benoît nous ordonne « d’écouter avec l’oreille du cœur ». Une telle écoute ne serait-elle pas le fondement même d’un édifice intérieur de la confiance ? Par la façon dont il en parle dans sa Règle nous pouvons voir quelle importance saint Benoît accordait à la vertu d’obéissance pour assurer la croissance et le développement de la vie monastique. Il écrit dans le prologue : « Le travail d’obéissance te ramènera à celui dont t’a éloigné la paresse de la désobéissance » (v. 2). Et vers la fin de la Règle, au chapitre 71 sur « L’obéissance mutuelle », il écrit : « L’obéissance est une bénédiction ; elle doit être exercée par tous, non seulement envers l’abbé, mais aussi envers les frères (et sœurs), puisque nous savons que c’est par cette voie d’obéissance que nous allons à Dieu » (v. 1-2). Saint Benoît débute sa Règle en décrivant l’obéissance comme un travail difficile, mais il la termine en la décrivant comme une bénédiction.
Après avoir accompli une tâche vraiment importante, on peut la considérer comme une bénédiction, comme quelque chose qui nous a grandis dans la vertu, une expérience de vie nouvelle. Degré par degré, expérience après expérience, nous évoluons vers une obéissance du cœur, favorisée par la confiance qui croît en nous.
L’épître aux Hébreux présente l’obéissance de Jésus comme destinée à nous inspirer et à nous encourager : « Bien qu’il soit le Fils, il a pourtant appris l’obéissance par les souffrances de sa Passion et, ainsi conduit à sa perfection, il est devenu pour tous ceux qui lui obéissent la cause du salut éternel » (Hb 5, 8-9). Qu’il est étonnant d’avoir à méditer sur ceci : Jésus a dû apprendre l’obéissance ! Le texte nous enseigne également que l’obéissance de Jésus est rédemptrice pour nous. Il n’est pas très difficile de comprendre que notre propre obéissance peut aussi être rédemptrice, dans nos vies et celle des autres. Dans son humanité, Jésus a, comme nous, compris et accepté l’obéissance envers celui qu’il a appelé Abba, ainsi qu’aux parents à qui le Père l’avait confié. Rappelez-vous le passage où le jeune Jésus resta à Jérusalem pour s’entretenir avec les docteurs de la Loi alors que pendant trois jours ses parents le cherchaient anxieusement. Quand, inquiets pour lui, ses parents l’interrogent, il affirme que cela fait partie du plan de Dieu sur lui, ce qui est souvent traduit par « être aux affaires de mon Père » (Lc 2, 49). Le texte conclut : « Il descendit avec eux pour se rendre à Nazareth, et il leur était soumis. Sa mère gardait tous ces événements dans son cœur » (Lc 2, 51). Deux éléments frappent ici : l’obéissance de Jésus, homme-Dieu, à ses parents humains, et l’identification du cœur de Marie en tant que lieu de sa méditation sur cet événement, événement chargé de mystères à la fois par les mots échangés et par l’expérience vécue. Jésus, dans son humanité nous est présenté de façon que nous puissions constater le progrès qui a lieu en lui : progrès vers cette maturité parfaite qui le conduit à faire confiance à la volonté de Dieu comme bon chemin pour sa vie. La nouvelle humanité de Jésus est notre but ultime ici-bas.
Au cours de retraites, j’ai souvent exposé combien il est important de passer des journées de réflexion tranquille pour écouter son cœur. Et pourtant, et c’est surprenant, le cœur, le centre de notre être, est le lieu où nous choisissons parfois d’aller, parfois d’éviter d’aller, et même, dans certains cas, de résister à la possibilité d’aller. Mais il est essentiel dès le début de la formation de descendre au plus profond de son cœur, de se donner un rythme de vie qui nous pousse à y retourner ; sinon nous courrons le risque de séparer notre vie extérieure de notre moi le plus profond, et de Dieu aussi… L’une des choses les plus tristes qui puisse arriver lors du voyage de la vie consiste à éviter et même à rejeter la vraie connaissance de soi. Tomber dans une telle situation peut nous rendre étranger à nous-mêmes. Revenons maintes et maintes fois au cœur, dans nos prières, dans nos épreuves, dans nos bénédictions, nos recherches, nos errances, nos doutes, et – oui ! – même dans nos péchés : nous y trouverons le Dieu qui nous aime infiniment.
Cet amour se révèlera dans le réconfort divin qui nous apporte, dans la consolation et l’instruction, d’autres bienfaits et bénédictions. Il nous met en relation avec le Dieu qui nous a donné la vie et continue de nous aider. Le vrai chemin de la formation est bien exprimé dans la prière du psalmiste : « Mon cœur m’a redit ta parole : “Cherchez ma face”, c’est ta face, Seigneur, que je cherche : ne me cache pas ta face » (Ps 26 / Hb 27 8, 9a). Même dans les moments où le visage de Dieu peut sembler caché, nous n’avons qu’à nous tourner vers le cœur où nous trouverons le Dieu d’amour et de miséricorde toujours prêt à nous recevoir et à nous renouveler.
La terre féconde de la formation monastique
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Perspectives
Dom Mauro-Giuseppe Lepori
Abbé général OCist
La terre féconde de la formation monastique
Je visitais récemment une communauté de moines, et pendant mon séjour j’ai pu participer à un colloque communautaire. Le sujet du colloque était l’expression très originale d’un artiste chrétien. On partageait surtout sur des images de ses œuvres, mais on avait aussi regardé ensemble, quelques jours auparavant, une vidéo sur lui, sur son parcours humain et artistique. L’échange entre les frères fut très profond, car chacun s’était laissé provoquer très personnellement par le témoignage de cet artiste. À la fin du colloque l’abbé dit, en passant, que cette année, aussi à cause de la situation créée par la pandémie, ils avaient eu très peu de moments de formation structurée, par exemple en invitant des professeurs pour leur donner des cours ou des sessions. Il se demandait ce qu’il en était de leur formation permanente. Dans la formation initiale, il se rendait compte aussi qu’on avait très peu su respecter la ratio studiorum prescrite par l’Ordre. Un malaise que je vois partagé par beaucoup de supérieurs et de communautés, surtout si elles sont petites et fragiles.
Mais il était évident qu’après ce colloque communautaire, cette communauté ne manquait pas du tout de formation permanente, justement parce qu’elle a développé au long des années une très belle culture du partage, du dialogue, de l’écoute et de la parole.
J’ai pris alors encore plus conscience que la formation monastique est vivante et efficace si elle trouve dans la communauté un champ labouré, un champ qui se laisse travailler pour accueillir la semence, la laisser germer, pousser et porter du fruit. Ou bien, pour utiliser une autre image peut-être encore plus expressive de l’enjeu de la formation, si la communauté se dispose à être une argile bien mélangée, trempée d’eau, avec une juste consistance, pour permettre aux mains du potier de lui donner la forme belle et utile qu’il veut lui destiner.
Bref, quand une communauté travaille à sa propre conversion, quand elle se forme en tant que communauté filiale et fraternelle, quand elle est, comme dirait saint Benoît, un espace de stabilité obéissante – c’est-à-dire de silence à l’écoute, dans la conversatio morum, sur un chemin de conversion de communion qui la rend vivante, alors tout contribue à sa formation, tout devient pour elle et chaque membre qui la compose une occasion pour grandir, pour s’approfondir et se dilater dans la forme parfaite du Christ, le Fils bien-aimé que le Père veut imprimer en nous par le don de l’Esprit. Seule, une communauté qui accepte d’être un chantier peut devenir une maison, une demeure, et surtout un temple de la présence de Dieu. Sans cela, même les meilleurs cours et sessions des plus hauts maîtres et professeurs n’arrivent pas à former et à faire grandir une communauté et ses membres.
Je connais des communauté petites et fragiles qui ne peuvent plus obtenir des formateurs extérieurs de qualité, mais qui sont tellement unies dans l’humilité du désir de conversion que chaque miette de vérité et de beauté leur venant de n’importe qui ou n’emporte quoi devient semence de formation et d’édification. Tout nous forme si nous avons un cœur humblement ouvert à la conversion que la conversatio monastique et communautaire nous offre et nous demande. Cela fait des communautés où l’on perçoit le cœur méditatif de la Vierge Marie, toute éveillée à ne rien perdre de l’événement du Verbe-Époux. Si cette attitude fait défaut, une communauté peut disposer de la formation la plus abondante et raffinée sans que cela la forme vraiment. La meilleure semence reste stérile si, au lieu de tomber sur un champ labouré, elle tombe sur du marbre, même précieux et poli jusqu’à briller.
Pour que n’importe quelle formation soit féconde, on ne doit donc pas négliger l’humus. Qui ne travaille pas la terre, n’aura pas de fruits au temps voulu. Et c’est cela la grande sagesse de la formation monastique : elle commence par le bas pour que même ce qui vient du plus haut, comme la Parole Dieu et son Esprit, puisse trouver accueil, ouverture, c’est-à-dire une liberté qui demande et désire, et qui ouvre la porte lorsque le Verbe frappe.
Saint Benoît a compris, à l’école de l’Évangile et des Pères, que rien ne laboure la terre mieux que la vie communautaire. Vivre en communauté rend la conversion vraiment formatrice. Sans un milieu communautaire guidé, on cède à la grande tentation, vieille comme le péché originel, de vouloir se modeler par ses propres mains. Mais nos propres mains arrivent seulement à nous maquiller, en nous regardant narcissiquement au miroir de nos ambitions et vanités. Lorsque, au contraire, notre liberté consent à ce que la vie communautaire et l’obéissance nous travaillent pour nous former selon le dessein de Dieu, alors lentement nous nous découvrons modelés du profond de nous-mêmes pour que le don véritable de notre vie porte ses fruits.
Dans ce sens, ce temps de pandémie est une grande provocation pour les communautés monastiques. D’une part, comme tout le monde, nous découvrons des moyens de formation partagée à distance qui offre aux communautés plus fragiles de nouvelles opportunités de formation. Mais cette opportunité révèle aussi sa grande limite : elle favorise la communication formatrice mais non la communion formatrice. La formation en ligne est excellente pour nous informer, mais elle n’arrive pas à nous façonner. C’est comme si on apprenait la théorie de la poterie, mais sans se salir les mains avec l’argile. Mieux encore : c’est comme si un potier montrait à l’argile les gestes qui la façonnent, sans pouvoir la toucher. Il faut alors que l’argile trouve des mains qui se chargent de la travailler. Et là on revient à la nécessité d’une réelle conversatio communautaire, qui, d’ailleurs, est redevenue particulièrement sensible lorsque le confinement a obligé les communautés monastiques à vivre dans une vraie clôture.

Lorsqu’on a dû annuler en 2020 le Cours de Formation Monastique, que depuis presque vingt ans nous tenons pendant un mois à la Maison généralice cistercienne à Rome, nous nous sommes demandé s’il ne fallait pas le remplacer par des cours en ligne. Mais, mise à part la difficulté pratique de rassembler virtuellement des étudiants disséminés de l’Asie aux Amériques, pour nous c’était évident que nous ne pourrions pas réduire ce cours de formation aux simples leçons. Il manquerait toute l’épaisseur communautaire qui permet aux enseignements de commencer tout de suite à germer dans la vie réelle des participants, en leur apprenant la dynamique intégrale de la formation monastique qui n’est pas seulement semence, mais aussi terre qui l’accueille, qui n’est pas seulement parole, mais aussi cœur qui écoute pour vivre en communion.
Quand on médite le premier chapitre de la règle de saint Benoît, sur les genres des moines, on se rends compte que la vraie différence entre les deux bons modèles de moines, les cénobites et les anachorètes, et les deux mauvais modèles de moines, les sarabaïtes et les gyrovagues, porte sur le choix ou le rejet de se laisser former par un autre que soi-même. Les cénobites et les anachorètes confient leur désir de plénitude de vie et de sainteté aux mains de Dieu et d’une communauté guidée par une règle et un abbé ; les sarabaïtes et les gyrovagues suivent par contre leur tendance individualiste, celle qui nous hante depuis le péché originel, sans se confier à la formation par les mains d’un autre. Tous sont argile destinée à prendre une forme belle et utile, mais les premiers permettent à Dieu et à la communauté de les façonner, tandis que les autres se laissent glisser là où ils sont, prenant passivement la forme sans forme de la pente par où ils glissent. Les premiers confient leur désir de vie et de joie à un chemin qui l’accomplit ; les autres, confondant le désir profond de leur cœur avec la tendance de leur instinct, se laissent guider par la tendance elle-même qui ne conduit nulle part. Car la tendance instinctive est un désir détérioré qui se renferme sur lui-même, renonçant à l’infini vers lequel il est tendu.
La formation monastique, comme toute vraie formation humaine et chrétienne, est alors une question grave, car l’enjeu n’est pas la perfection du savoir, y compris le savoir-faire, mais la plénitude de la vie, celle pour laquelle nous sommes créés par le Père, rachetés par le Fils et animés par l’Esprit ; celle pour laquelle nous est donné le Corps du Christ qu’est l’Église, jusqu’à l’appartenance immédiate à la communauté qui nous est accordée pour que la forme de Jésus devienne la substance de notre vie en toutes ses relations.
L'Institut Monastique Bénédictin (BMI)
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Perspectives
Père Peter Eghwrudjakpor, osb
Prieur de Ewu Ishan (Nigeria)
L’Institut Monastique Bénédictin (BMI)
BECAN (Benedictine and Cistercian Association of Nigeria)
Après de nombreuses années de préparation et de planification, nous avons enfin lancé un programme d’études et de formation pour les moines et les moniales des monastères du Nigeria. Les cours ont débuté en août 2018. Ils ont duré quatre semaines pendant cette première année que l’on peut considérer comme expérimentale. La deuxième année, 2019, ils ont duré huit semaines et, avec la grâce de Dieu, nous espérons atteindre dix semaines à l’avenir. Ainsi, cette première promotion aura été réunie pendant trois périodes en trois ans.
On notera qu’après avoir consulté l’université catholique du Nigeria (Madonna University), qui a accepté notre demande d’affiliation, il a été décidé que le prochain programme d’études pour nos futurs étudiants durerait deux ans au lieu de trois comme actuellement.
L’université délivrera également aux étudiants un certificat valablement reconnu. Chaque année les étudiants, après avoir passé deux mois d’études et d’examens, retourneront dans leurs différentes communautés puis reviendront l’année suivante pour les autres modules, ce qui fera quatre mois en tout.
Ce programme en deux ans débutera en 2021 avec la prochaine promotion, c’est-à-dire lorsque les actuels étudiants auront terminé leur cycle, en octobre 2020.
Liste des cours :
1- Initiation à la grammaire anglaise.
2- La spiritualité monastique.
3- Introduction à l’Écriture.
4- Les Pères du monachisme.
5- La spiritualité de la règle de saint Benoît.
6- Histoire du monachisme.
7- Les Pères de l’Église.
8- Initiation à la philosophie.
9- Latin.
10- Histoire de l’Église.
11- La liturgie.
12- Méthodologie de recherche et de rédaction de documents.
13- La doctrine de l’Église ; les dogmes.
14- Le droit canonique pour les religieux.
15- Les vœux.
16- La sexualité humaine.
17- La prière.
18- La théologie morale.
19- Les sacrements.
20- Le monachisme en Afrique.
21- Musique.
22- Le monachisme en Terre Sainte.
23- Initiation à la logique.
24- La philosophie africaine.
25- Initiation à l’épistémologie.
26- Métaphysique.
27- Le monachisme syrien et byzantin.
28- La vie consacrée.
29- Initiation à l’informatique.
30- Le développement humain.
Nous avons commencé la première série de cours avec vingt-quatre étudiants provenant des dix-sept monastères de notre région BECAN, quatorze professeurs et trois non-enseignants ; tous moines ou moniales de monastères nigérians.
L’équipe organisatrice comporte cinq membres. Trois restent avec les étudiants pendant tout le déroulement des cours, et deux, représentants des supérieurs monastiques, font le lien entre l’autorité du BECAN et les supérieurs, et supervisent le programme.
Notre espoir est d’ouvrir à terme ces cours à des moines et moniales provenant d’autres communautés monastiques et d’autres régions d’Afrique, du moins ceux qui peuvent communiquer en anglais. Cela garantira également la continuité à long terme de notre programme.
Financement
À l’heure actuelle chaque monastère y contribue en réglant une certaine somme par étudiant ; il donne aussi des produits alimentaires ou offre certaines choses : ceci permet d’assurer l’alimentation et le bien-être de tous les participants (étudiants et personnel). Ici, les communautés de l’association BECAN font preuve d’une très belle générosité. À la fin des stages on n’a en général manqué de rien. Les enseignants ne touchent rien mais sont remboursés de leurs frais de transport.
Il faut signaler que l’AIM-USA nous a fait un merveilleux cadeau : trois caisses de livres sont récemment arrivées. C’est une des façons dont l’AIM peut soutenir notre programme. Nous constituons progressivement une bibliothèque : tous les dons de livres sont donc bienvenus.

La formation « Ananie »
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Perspectives
Sœur Marie Ricard, OSB
Communauté de Martigné-Briand, France
La formation « Ananie »
Depuis 2014, il existe un programme de formation des formateurs monastiques pour les pays francophones. Les sessions ont lieu tous les deux ans en France et en Belgique.
L’esprit « Ananie » se définit comme une grande plongée spirituelle, centrée sur la Parole de Dieu et vécue en corps fraternel, telle est la proposition offerte à des moines et moniales déjà mûrs dans leur chemin communautaire !
Qui participe ? Les sessions s’adressent aux monastères bénédictins et cisterciens francophones de tous les continents. Les inscriptions concernent des moines et moniales ayant déjà une formation monastique et une certaine expérience communautaire, des frères et des sœurs dont on pense qu’ils ont les capacités pour remplir une tâche de responsabilité.
Durée : trois mois.
Nombre : entre vingt et vingt-cinq. L’équilibre moines/moniales est important à respecter (mais la réalité n’obéit pas toujours à ce principe !).
Contenu : plusieurs « pôles ».
– Vie monastique et Évangile (le disciple du Christ vit avec la Parole).
– Saint Benoît.
– Le psautier.
– Histoire du monachisme.
– Accompagnement spirituel.
– Vie communautaire.
– Développement humain. Psychologie et vie spirituelle, etc.
– La liturgie, expérience monastique.
La formation n’a évidemment aucun objectif universitaire ! La tâche est d’ouvrir des portes. On ne peut tout dire, tout donner, mais il s’agit de former la personne à aborder sa tâche de formateur ou de transmetteur en lui donnant des outils de recherche. L’essentiel de la formation, c’est la transmission de la vie.
Comment ? la vie et le déroulement des sessions :
– Les participants sont appelés à créer entre eux une vraie fraternité durant leurs trois mois de vie commune : c’est la base nécessaire pour tout ce qui va être vécu. Les sessions sont de vie, et pas seulement d’information.
– Les deux ou trois premiers jours sont consacrés aux échanges, au partage des chemins de vie de chacun, sous la conduite d’un modérateur compétent. Chacun est aussi invité à dire quelles sont ses attentes, ses questions.
– Les participants sont accueillis dans différents monastères. Pour 2018 : La-Pierre-qui-Vire, La Coudre (Laval), Martigné-Briand et Bellefontaine.
– Des pèlerinages, excursions… sont prévus.
– Un « ancien » (frère Cyprien de La-Pierre-qui-Vire) accompagne le groupe tout au long des trois mois. Présence discrète, mais « fondamentale pour faire l’unité du groupe ».
– Complémentaire, la participation du pasteur Pierre-Yves Brandt, professeur de psychologie religieuse à l’université de Lausanne, excellent connaisseur et ami de la vie monastique, a été elle aussi jugée indispensable ; trois fois, il vient rencontrer le groupe pendant quelques jours.
– Les enseignants sont surtout des moines et moniales ; il y a aussi quelques professeurs laïques ou des professionnels de telle ou telle discipline.
Le parcours veut offrir à travers des cours, mais aussi des groupes de réflexion, une intelligence globale de notre vie monastique. Il veut permettre de mieux assumer des responsabilités de formation ainsi que d’autres responsabilités à l’égard des frères/sœurs ou des personnes de l’extérieur. Depuis la dernière session, nous mettons un accent particulier sur l’accompagnement personnel donné à chaque participant.
Les étapes se déroulent dans quatre monastères ; selon une habitude qui a fait ses preuves, nous commençons à La-Pierre-qui-Vire. Chaque étape développe un aspect fondamental :
– La Parole de Dieu, socle de nos vies. Au centre : le mystère pascal.
– Transmettre la Tradition. C’est le temps de revisiter la Règle et les grands fondamentaux : autorité-obéissance ; désappropriation et économie ; accompagnement spirituel.
– Affectivité et célibat. Une étape plus personnelle qui peut rejoindre chacun dans ce qu’il a de plus profond, en ses forces et ses fragilités.
– Vie commune. L’Église-Fraternité ; inculturation ; vie fraternelle. Vœux. Nous introduisons une intervention prenant en compte la dimension d’écologie intégrale.
– Signalons aussi la richesse des sorties proposées à chaque étape.
Il est important que chaque inscription soit portée par une motivation claire, tant de la part du ou de la supérieur(e), que de la part du frère ou de la sœur inscrit(e). Une lettre personnelle du ou de la supérieur(e) accompagne l’inscription définitive. Chaque frère ou sœur envoie lui aussi, à l’inscription, une lettre précisant ce qu’il/elle attend de ces trois mois.
Les trois mois forment un tout, c’est-à-dire qu’on ne peut envisager de choix « à la carte ». Dans la mesure où le propos est justement un parcours de formation, il est global : il s’agit de se former, et non d’acquérir seulement des connaissances ou une méthode – cela suppose un investissement personnel, dans la durée et avec un groupe stable.
La connaissance du français est une exigence sur laquelle nous nous permettons d’insister. L’expérience a montré que le frère ou la sœur ne peut vraiment tirer profit de ces trois mois sans une maîtrise suffisante de la langue, même si cela nécessite parfois un investissement supplémentaire.

La session de 2018
La dernière session s’est déroulée du 6 septembre au 28 novembre 2018, réunissant dix-neuf moniales et sept moines. Le groupe était accompagné par le frère Cyprien, de La-Pierre-qui-Vire, qui a écouté les uns et les autres et veillé à l’organisation. Il reprendra ce service pour la prochaine session… que nous espérons pouvoir maintenir.
Le groupe était caractérisé dans sa composition par une forte présence africaine : seize participant(e)s venaient d’un pays d’Afrique. Neuf sœurs venaient de France (mais quatre n’étaient pas françaises d’origine et parmi elles, deux étaient africaines). Ajoutons que le seul moine français venait de Latroun, en Israël.
L’interculturel n’était pas une théorie. Le bilan a souligné que les découvertes mutuelles ont été enrichissantes, sans gommer les inévitables difficultés, malentendus, incompréhensions que génère toute vie en commun, à plus forte raison quand les contextes culturels sont divers. La force du groupe a été son esprit fraternel qui, dès les premiers jours, s’est manifesté. Sûrs de pouvoir construire sur ce roc, les frères et sœurs n’ont pas hésité à se parler en vérité quand des tensions pouvaient abîmer la fraternité. Cet aspect-là nous a frappés et il est bon de le dire.
Comme on peut s’en douter, la danse, le chant, le rythme n’ont pas manqué de colorer ces mois ! Assez naturellement, les monastères d’accueil ont généralement su intégrer ce joyeux apport dans les célébrations liturgiques.
Quant au contenu, nous avons gardé ce qui a été vécu dans les deux sessions précédentes, avec un accent particulier donné à l’accompagnement personnel.
Signalons aussi la richesse des sorties, une par étape :
– Taizé avec, cette fois, la possibilité de passer deux jours sur la colline, au milieu des jeunes, et si fraternellement accueillis par les frères. Un arrêt à Cluny a permis un aperçu sur l’histoire monastique en France.
– Le monastère orthodoxe de Saint-Silouane, dans la Sarthe, où les frères et sœurs ont participé à la liturgie eucharistique et un peu mieux senti la souffrance de la division des chrétiens puisque nous ne pouvons communier ensemble. Mais l’accueil fut là aussi très joyeusement fraternel.
– Ligugé, le monastère de Saint-Martin, la plus ancienne abbaye connue de la Gaule, fondée au 4e siècle par saint Martin. Le retour s’est fait par l’abbaye de Sainte-Croix, toute proche, qui possède une relique de la vraie Croix : une vénération fut offerte avant les vêpres.
– Candes, où mourut saint Martin, puis l’abbaye de Fontevrault, devenu centre culturel. Encore une belle tranche du monachisme à découvrir.
La session de 2021
Au début de l’année 2020, nous avions entrepris la préparation de la session de 2021. En raison du contexte sanitaire difficile à prévoir, il nous a paru plus prudent de la reporter l’année suivante. La prochaine session aura donc lieu du 7 septembre au 1er décembre 2022.
La formation monastique au Vietnam
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Perspectives
Sœur Marie-Lucie, OCist
Monastère de Vinh Phuoc (Vietnam)
La formation monastique au Vietnam
Il existe au Vietnam une grande vitalité monastique. Les monastères sont au nombre de vingt-et-un dont deux monastères de bénédictines de la congrégation de Vanves, six de bénédictins de Subiaco-Mont-Cassin, trois de cisterciennes de la Sainte-Famille et neuf de cisterciens, ainsi qu’un monastère de Bernardines ; donc six monastères féminins et quinze masculins, sans compter les maisons dépendantes ou les fondations en préparation…
Tous les deux ans, une rencontre de formation de trois jours est organisée en commun pour les bénédictins et cisterciens vietnamiens portant sur l’étude d’un document du Saint-Siège concernant la vie monastique ou la vie consacrée en général.
La formation initiale est bien sûr prise en charge par chaque monastère tant pour les bénédictins que les cisterciens. Des sessions pour les formateurs ont lieu régulièrement.
La Province vietnamienne de la congrégation de Subiaco-Mont-Cassin organise une formation permanente. Chaque année, la Province a une semaine de session sur les sujets spirituels ou monastiques.
La formation philosophique et théologique se fait au monastère ou au grand séminaire ou dans un studium